Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/126

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saison ; au lieu que dans la gale, le sang & la sueur sont entièrement altérés.

Les enfans attaqués des échauboulures sont cruellement tourmentés par l’insomnie ; quoiqu’elles ne soient point dangereuses, ils se dévorent sans cesse, & si elles sont opiniâtres, ils tombent dans un état de maigreur qui devient très-nuisible à leur accroissement.

Le repos, la tranquillité, les rafraîchissants, l’eau froide, & même à la glace, pour les adultes, sont plus que suffisans à leur guérison.

Quant aux enfans qui tettent, il faut avoir grand soin de ne pas les laisser dans leurs ordures, de les changer souvent de langes, & les tenir enveloppés dans des linges fins, & bien lessivés : on pourra les tremper dans un bain d’eau tiède, & étuver les endroits les plus échauboulés avec une décoction de graine de lin dans du lait ; mais on observera de renouveler souvent le lait, parce qu’il aigrit promptement, & dans cet état, il augmente l’inflammation : l’eau rose, où on fera dissoudre quelques grains de camphre, produira un bon effet. M. AM.


ÉCHENILLER, détruire les chenilles. ÉCHENILLOIR, outil dont on se sert à cet effet. Il est représenté dans la gravure des Outils du jardinage. Si tous les habitans d’un canton ne concourent pas à la fois, & à plusieurs reprises, à détruire complètement les chenilles (voyez ce mot) les opérations partielles manqueront leur but. Quelques papillons échappés perpétueront l’espèce, & chaque année il faudra recommencer. Souvent les pluies du printemps produisent plus d’effet que la multiplicité des loix, des arrêts & des ordonnances de police. Le froid inattendu est leur plus cruel ennemi. M. Guettard, de l’académie des sciences, proposa, en 1778, des réflexions sur l’échenillage ; elles méritent d’être connues : en voici le précis.

La crainte où sont les gens de la campagne de perdre leurs arbres, lorsqu’ils sont attaqués par une certaine quantité de chenilles, paroît à l’auteur une terreur panique. Des réglemens faits & renouvelés de temps en temps, ordonnent d’écheniller, sous peine d’amende pécuniaire. C’est donc rendre service aux gens de la campagne, & par conséquent à L’agriculture, que de tâcher de les faire revenir de cette crainte, ainsi que les personnes chargées de l’administration ; on n’enlèverait pas les paysans aux travaux de l’agriculture dans un temps précieux, & le gouvernement ne dépenseroit pas, comme en 1777, jusqu’à 10000 livres, dans la généralité de Paris, pour le seul échenillage des arbres des grandes routes.

Il faut cependant avouer que l’état où les bois & les vergers sont réduits, dans certaines années, a quelque chose d’effrayant ; quelquefois dans les plus belles saisons ils offrent, à la vue, le triste spectacle de l’hiver. Le point de la question consiste à savoir si ce dépouillement total des feuilles nuit aux arbres. M. Guettard tient pour la négative, au moins pour les arbres forestiers ; il cite, pour preuve de son sentiment, la récolte de la feuille de mûrier, qui, six semaines après, est aussi chargé de feuilles qu’il l’étoit auparavant, & ce