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couches corticales & les ligneuses. Entre l’écorce & l’aubier ou le bois, on peut donc distinguer cinq parties propres dans l’écorce ; l’épiderme, l’enveloppe cellulaire, les couches fibreuses ou corticales, la substance renfermée dans les mailles, & le liber.

1°. De l’épiderme. L’épiderme est cette enveloppe générale & commune à tout le règne végétal, que l’on ne sauroit mieux comparer qu’à la peau ou plutôt à l’épiderme qui recouvre tout animal ; aussi lui en a-t-on conservé le nom par rapport aux plantes. Cependant, d’après des observations microscopiques & comparatives que j’ai faites entre l’épiderme végétal & l’animal, il y a une grande différence. L’épiderme végétal est toujours accompagné d’un réseau, qui, comme nous l’avons dit au mot Corolle, s’il ne lui est pas essentiel, lui est au moins tellement adhérent qu’il est impossible de l’en détacher. Des observations ultérieures m’ont confirmé dans l’idée que l’épiderme lui-même n’est qu’un tissu, qu’un réseau extraordinairement fin de fibres végétales ; l’entrelacement de ses fibres forme le filet, & les mailles sont ces pores, ces ouvertures transparentes qui sont les orifices des vaisseaux de la plante, par lesquels s’exécutent la transpiration & l’aspiration insensibles. La peau, au contraire, n’offre pas ce même mécanisme ; elle est plutôt composée de plaques ou d’écailles collées les unes à côté des autres & parsemées d’une infinité de petits vaisseaux disposés en toute sorte de sens, qui s’ouvrent à la surface extérieure de la peau, & s’abouchent à l’intérieure avec tous ceux qui traversent la membrane adipeuse, & la peau proprement dite. De plus, l’épiderme animal est, pour ainsi dire, cousu avec la peau proprement dite, par ces petits vaisseaux, tandis que l’épiderme végétal n’est qu’appliqué sur le réseau ou l’enveloppe cellulaire. Cela est si vrai, que lorsque la sève est abondante, & qu’elle remplit de son suc l’enveloppe cellulaire & le parenchyme, l’épiderme se détache très-facilement de l’écorce, & même lorsque la sève n’agit plus, ou que la branche est morte, il suffit de la faire infuser ou bouillir dans de l’eau, pour que son adhérence à l’écorce soit détruite ; ce qui n’arrive pas avec l’épiderme animal. Ce sont ces deux moyens que j’ai employés pour soumettre à l’examen microscopique l’épiderme d’un très-grand nombre de plantes.

Je n’ai pas remarqué une très grande différence entr’eux ; la principale venoit plutôt de la forme & du tissu du réseau qui le compose, que de toute autre chose. Mais tous jouissent, sur-tout dans les jeunes plantes, de la propriété de se recoquiller sur eux-mêmes, lorsqu’on les a détachés & dépouillés de l’enveloppe cellulaire, comme nous l’avons observé pour l’épiderme de la Corolle : (voyez ce mot) la cause qui fait recoquiller l’épiderme dans le sens de ses fibres, est la même dans l’un & dans l’autre cas ; c’est le dessèchement des utricules qui sont renfermés dans les mailles, que forment les fibres de l’épiderme entrailles.

M. Duhamel pense que l’épiderme des jeunes tiges, des fleurs, des fruits, des racines, n’est pas d’une contexture absolument semblable comme l’épiderme animal de la langue, des mains, des pieds, &c.