Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ici l’analogie l’a induit dans une erreur que l’observation microscopique détruit facilement. L’épiderme est absolument semblable par-tout, & si les différens morceaux que l’on examine ne le paroissent pas, cela vient uniquement de la plus ou moins grande quantité, ou d’utricules, ou de parenchyme, ou d’enveloppe cellulaire, ou de réseau cortical qui reste adhérent à l’épiderme. Quand avec de l’adresse & de la patience on est venu à bout de l’en dépouiller, on remarque bientôt une ressemblance générale. Il faut cependant observer que, si l’on n’examine que la surface extérieure de l’épiderme d’une branche ou d’une racine, il pourra se faire que l’on y verra des rugosités que l’on ne retrouvera pas sur l’épiderme du fruit ou de la corolle. Mais qui ne sent pas que ces rugosités sont le produit d’une première décomposition que souffre l’épiderme de la part de l’air & des météores ? Voyez la Planche du mot Épine ; Fig. 3, l’épiderme du jasmin ; Fig. 4, celui du pommier ; Fig. 5, celui du marronnier ; Fig. 6, celui du chêne ; Fig. 7, celui du bouleau. Ils sont tous vu au microscope.

L’épiderme ne forme-t-il qu’une seule couche, une seule membrane, ou est-il composé de plusieurs couches ? Si l’on ne considéroit que l’épiderme du bouleau, du cerisier, du pommier, de l’acacia, &c. & de plusieurs autres arbres, (il faut un instrument très-fin & très-délicat, en général, pour pouvoir détacher plusieurs épidermes sur la même écorce) on pourroit conclure que l’épiderme a ses couches comme l’écorce, l’aubier & le bois ; mais si l’on dissèque l’épiderme de la plupart des plantes & d’une plus grande quantité d’arbres, il faut convenir que l’épiderme, du moins dans ces individus, est unique. Une variation aussi singulière dans les productions de la nature, doit étonner. Cette simplicité que nous retrouvons par-tout, est-elle donc ici en défaut ? Mais n’accusons pas la nature avant de la connoître ; étudions la mieux, & ce que nous prenons pour un écart, rentrera bientôt dans ses loix générales.

L’épiderme végétal, comme l’épiderme animal, devant se détruire facilement, à cause de sa situation extérieure, le but de la nature ne seroit pas rempli si au-dessous de lui il n’existoit pas une substance prête à le reproduire proportionnellement ; & c’est justement cet épiderme, plus ou moins avancé vers sa perfection, qui s’offre immédiatement au dessous & que l’on prend pour un second, un troisième épiderme. Les végétaux qui se dépouillent plus promptement & plus facilement de leur épiderme, sont aussi ceux qui travaillent le plus vite à cette reproduction ; il n’est donc plus étonnant que le bouleau, par exemple, que l’alternative du froid & du chaud dépouille de son épiderme, en ait, pour ainsi dire, de nouvelles couches toutes prêtes à remplacer celui qui a été détaché. Veut-on une démonstration évidente de cette vérité ? enlevez avec un instrument très-tranchant, un lambeau d’épiderme, même considérable, sur un arbre quelconque ; recouvrez la plaie ; au bout d’assez peu de temps, il s’est régénéré un nouvel épiderme. Un observateur a plus fait encore ;