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qu’on puisse le regarder comme un simple & léger détour dans cette partie.

Effort de cuisse. On confond encore aujourd’hui à la campagne, la cuisse avec les hanches, puisqu’on dit improprement qu’un animal a fait un effort des hanches, au lieu de dire qu’il a fait un effort de cuisse. Si l’on avoit observé, comme nous, que le fémur, c’est-à-dire, l’os qui forme la cuisse, est supérieurement articulé avec les os inominés, comme on peut le voir à l’article cuisse, (voyez Cuisse) on comprendroit facilement que cette articulation seule est susceptible d’extension, & par conséquent d’effort, & dès-lors on diroit qu’un cheval a un effort dans la cuisse, & non dans les hanches. (Voyez Hanches)

Causes. L’effort de cuisse est occasionné par une chute, un écart, qui, le plus communément, se fait en dehors, qui tiraille ou qui distend plus ou moins les ligamens capsulaires de l’articulation, ligamens qui d’une part sont attachés à la circonférence de la cavité cotyloïde, & de l’autre, à la circonférence du col du fémur, ainsi que le ligament rond, caché dans l’articulation même qui, d’une part, a son attache à la tête du fémur, & de l’autre, au fond de cette même cavité cotyloïde. Les muscles de la cuisse qui les entourent, & qui assujettissent cet os, souffrent aussi ; il peut y avoir même une rupture de plusieurs vaisseaux sanguins, de plusieurs fibres musculaires ou ligamenteuses, & conséquemment perte de ressort & de mouvement dans les unes & dans les autres ; tous ces accidens, joints à une douleur plus ou moins vive, rendent cette maladie très-fâcheuse.

Signes. Le cheval boite plus ou moins ; il semble baisser la hanche en cheminant, (c’est, sans doute, ce qui fait dire à certains connoisseurs que l’animal boite de la hanche) & traîne toute la partie lésée. Nous avons vu des personnes examiner si le cheval tournoit la croupe en trottant : nous trouvons que ce signe est équivoque dans cette circonstance, & qu’il est seulement univoque dans l’effort des reins.

Traitement. L’effort de cuisse, surtout s’il est extrême, demande que la saignée soit plus ou moins répétée. C’est donc à l’hippiatre à décider sur sa multiplication, selon les cas & les circonstances. On administrera, si la fièvre subsiste, des lavemens émolliens ; on tiendra l’animal au son mouillé & l’eau blanche, & on appliquera des résolutifs aromatiques, tels que la sauge, l’absynthe, la lavande, le romarin, &c. qu’on fera bouillir dans du gros oing, & dont on fomentera le siège du mal trois fois par jour pendant un gros quart d’heure chaque fois, après quoi, on fera des frictions résolutives avec l’eau-de-vie camphrées ammoniacale.

Ce mal peut avoir été négligé ou mal traité, comme il n’arrive que trop souvent à la campagne, ce qui fait que les chevaux en ressentent presque toujours une impression. Le meilleur moyen alors est d’appliquer, après l’usage des résolutifs ci-dessus, une charge fortifiante sur la partie (voyez Charge où l’on trouvera la formule) : ce topique n’a-t-il pas l’effet désiré, on appliquera le feu en roue (voyez Feu) à l’endroit de l’articulation du fémur avec les