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seconde, la seule vraiment utile à l’agriculture ; les deux autres sont du ressort de la chimie. Ces trois opérations ont le même but, celui d’obtenir les parties volatiles, séparées des aqueuses, grossières & terrestres. La distillation du vin est latérale. Quoique la vapeur s’élève perpendiculairement de la surface de sa chaudière au sommet du chapeau, cependant la vapeur gagne le côté ou ouverture du serpentin ; elle y est attirée par le courant d’air, & condensée par la fraîcheur de l’eau de la pipe, de manière que si la distillation est faite suivant les bonnes règles, le filet d’eau-de-vie qui coule par le bas du serpentin doit être froid. Plus il est froid, moins il s’évapore du spiritueux dans l’attelier.

Il ne sera question dans cet article que de la distillation du vin, du cidre, du poiré ; de celle de l’eau-de-vie en esprit ardent, enfin, de la distillation des grains ; les autres manipulations n’ont aucun rapport aux opérations convenables à l’agriculteur, qui veut tirer le meilleur parti des productions de ses terres. D’ailleurs, ces détails jetteroient nécessairement dans des digressions chimiques, peu à la portée du commun des lecteurs ; je ne m’occuperai que de la pratique.

La définition de la distillation, quoique très-exacte & très-simple, aux yeux du chimiste, n’est pas très-intelligible pour chacun. Je vais l’expliquer. Le vin, soit blanc soit rouge, est composé d’eau, d’une partie inflammable, toutes deux colorées, d’un sel & d’une portion terreuse très-atténuée, appelée lie, lorsqu’elle est séparée du vin.

L’eau & la partie inflammable ne s’évaporent pas au même degré de chaleur, & celui qui fait évaporer l’une & l’autre, ne sauroit faire monter avec elles le sel grossier ni la partie colorante, ni la portion terreuse, &c.

Si on expose sur le feu un vaisseau quelconque, rempli de vin & découvert, une partie de l’eau entraînée par la partie inflammable s’évapore avec elle, & se dissipe dans la vague de l’air ; l’autre portion d’eau, ainsi que la matière colorante, le sel & la terre, restent dans le fond du vase ; enfin, si on continue l’évaporation, les portions grossières & salines demeurent à sec. Au contraire, si on couvre ce vase de manière à retenir ces vapeurs & à les condenser par le froid, c’est-à-dire à les réunir & à les réduire en un filet d’eau, on les sépare des parties grossières, & on obtient à part l’eau-de-vie ; ce qui s’exécute au moyen d’un vaisseau nommé alambic. (Voyez ce mot) Ainsi le feu pénétre le fluide, fait évaporer & sépare la partie inflammable qui forme l’eau-de-vie mêlée à une certaine quantité d’eau ; dans le chapiteau la vapeur se rassemble ; elle suit le courant d’air établi au moyen du serpentin ; elle y est condensée par le froid, & forme un filet qui est reçu dans un vaisseau nommé bassiot, de manière qu’après la distillation on retrouve au fond de l’alambic les parties grossières qui n’ont pu monter avec l’eau-de-vie. Si l’eau avoit eu la même volatilité que la substance inflammable, elle seroit entièrement montée avec elle, au lieu que la majeure portion reste dans la chaudière ; ce qui démontre que les principes fluides des corps n’ont pas le même degré de volatilité. Sur cette théorie est établi