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classe dans l’hexandrie monogynie & la nomme berberis vulgaris.

Fleur, composée de six pétales obronds, concaves, ouverts ; d’un calice divisé en six parties presque aussi longues que les pétales, & de six étamines sensibles au toucher, comme la sensitive.

Fruit. Baie de forme & la grosseur d’un grain de blé, marquée d’un point noir à son sommet, renfermant deux semences ou petits pépins oblongs & durs.

Feuilles, portées par des pétioles, simples, entières, arrondies, crénelées, épineuses à leur circonférence, luisantes, assez fermes.

Racine, ligneuse, jaunâtre, rampante.

Port. Arbrisseau de trois ou quatre pieds de haut, poussant plusieurs tiges de ses racines ; elles sont droites, pliantes, garnies au bas de chaque rameau d’une épine & souvent de trois. Les fleurs sont jaunes, disposées en grappes, & naissent des aisselles des feuilles ; les fruits d’un beau rouge dans leur maturité ; les feuilles placées alternativement sur les tiges. Cette espèce fournit les variétés des fruits sans pépins, & des fruits blancs.

Lieu. Les terreins secs & sablonneux.

Propriétés. Les feuilles & les fruits ont une saveur acide & austère ; la racine est amère & styptique ; les fruits rafraîchissans ; les pépins dessiccatifs & astringens.

Usages. On confit les grappes des fruits ; les fruits exprimés, & leur suc mêlé avec l’eau, jusqu’à une agréable acidité, donne une très-bonne limonade, si on y ajoute du sucre : elle convient dans toutes les maladies inflammatoires. L’écorce intérieure de la racine, macérée dans du vin blanc, est, dit-on, utile contre la jaunisse : on donne aux animaux la décoction des fruits, à la dose d’une poignée sur deux livres d’eau. Dans tous les cas où le suc de citron convient, on peut le suppléer par le fruit de l’épine-vinette.

Il est possible de former des haies avec cet arbrisseau, & elles seront impénétrables, si on a soin d’incliner, faire croiser ses sages & les assujettir dans cet état ; sans cette précaution, il y aura beaucoup de clairières, parce que les tiges montent droites.

Le bois, les racines, coupés en petits morceaux, fournissent une bonne teinture jaune, qui pourroit au besoin suppléer celle de la gaude.

Ce petit arbrisseau ne figure pas mal dans les bosquets d’été & du printemps.

Les espèces d’épine-vinette sont peu nombreuses, la plus caractérisée est celle de Crète, dont le péduncule ne porte qu’une seule fleur, & dont les feuilles ressemblent à celles du buis.

L’épine-vinette du Canada a ses feuilles renversées & très-larges ; son fruit est plus gros que la première.

L’épine-vinette à peduncules très-courts, à feuilles oblongues, ovales, quelquefois entières, quelquefois un peu ondées ; la couleur de son fruit est d’un violet sombre. Lorsque l’on veut multiplier ces arbrisseaux, & sur-tout le premier, afin de récolter son fruit, il convient de le cultiver, & principalement de supprimer les tiges surnuméraires qui portent de racines. On le multiplie par drageons.