Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/293

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ce gargarisme, & on le continuoit jusqu’à ce qu’il se formât des ulcères ; après quoi on lavoit ces endroits avec une infusion de sauge, & où l’on mettoit du goudron, du vinaigre & assez de miel pour adoucir. Lorsque les ulcères devenoient sanguinolens, on faisoit l’infusion de sauge plus forte, & on y mettoit de l’alun de roche pulvérisé. Quand l’animal, qu’on avoit pansé depuis quatre jours, devenoit triste, avoit la diarrhée accompagnée d’une espèce de frisson, sans cependant qu’il y eût des pustules sur la peau, on lui faisoit prendre pendant quatre soirs le breuvage suivant.

Prenez une demi-once de fleurs de camomille, pareille quantité de celles de contrayerva, & six gros de thériaque de Venise ; mêlez-les dans trois livres de la potion indiquée ci-dessus, pour soutenir l’estomac, & faites avaler tiède le breuvage.

On lui donnera encore souvent à boire deux livres de ladite potion, & en outre, tous les matins & quatre fois l’après midi, un autre breuvage fait avec la racine de garance ; elle n’est nullement incompatible avec la thériaque.

Quand les fibres de la bouche paroissent affoiblies, lorsque l’animal a un froid universel, qu’il est dépourvu de sentimens, & que les excrémens sont noirs & infectés, on prend deux onces d’écorce de chêne, une once de quinquina, & une once de myrrhe ; on pulvérise le tout, on le fait ensuite bouillir dans cinq livres d’eau, jusqu’à la diminution d’un cinquième ; la liqueur parlée, on met dans la colature deux gros d’alun de roche en poudre, & on fait prendre ce breuvage de quatre heures en quatre heures. Si l’animal évacue beaucoup & est foible, on y ajoute une demi-pinte de lie de vin rouge ; on peut aussi lui donner de l’eau de foin, en y faisant infuser des fleurs de camomille macérées pendant quelques jours dans du vinaigre.

Si les symptômes diminuent après le quatrième jour ; si l’animal porte sa tête plus d’un côté que de l’autre ; si ses yeux, ses naseaux fluent beaucoup, & si ses cornes sont plus chaudes que le reste du corps, il est presque sûr qu’il s’est formé un dépôt dans la corne ; pour lors, sans la toucher, on lui fait une ouverture deux ou trois pouces au-dessous ; on met à chaque côté de la plaie un linge trempé dans de l’huile ; on élargit ensuite le trou pour faciliter la suppuration, s’il est nécessaire. La poudre d’azarum est excellente pour amener à suppuration les abcès qui se forment dans les naseaux.

S’il se forme sous la peau une tumeur infecte, on l’ouvre ; après qu’elle a suppuré, on met dans la plaie un tampon d’étoupes trempées dans un mélange de térébenthine, de myrrhe pulvérisée & de jaunes d’œufs ; & par-dessus un cataplasme d’avoine concassée, de veille bière & d’esprit-de-vin ; ce cataplasme se met bien chaud, & on le renouvelle deux ou trois fois par jour.

La grande crise est ordinairement suivie d’une diarrhée utile ; on aide même la nature par un breuvage avec une demi-once de rhubarbe, pareille quantité de séné, une once de réglisse coupée en morceaux, & une once de graine d’anis en poudre ; on fait bouillir le tout dans