Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/297

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plièrent tellement les limaçons, depuis la récolte de 1760 jusqu’après la dernière moisson, qu’une partie des grains ronds en fut dévorée, & ce qui resta fut gâté par les insectes, qui lors de la moisson se réfugièrent & furent enveloppés dans les warats ; Un brouillard épais de plusieurs jours en juillet & en août enniella, en outre, les autres grains tels que les blés, avoines & sucrions, & laissa sur la paille une espèce de poussière qui est un vrai poison pour les bestiaux. Toutes ces causes ont contribué indubitablement à la maladie dont il s’agit actuellement.

Elle s’est déclarée dans le Boulonnois, vers la fin du mois d’octobre, & les mois de décembre, janvier & février ont été ceux où cette maladie a enlevé une plus grande quantité de moutons. Les anciens expliquent parfaitement bien pourquoi, après un hiver humide & tiède, & un printemps froid & sec, les lienteries & les hydropisies ne manquent pas de survenir dans les maladies d’été & d’automne ; les corps, après avoir contracté, dans un hiver doux & pluvieux, une humidité excessive, se trouvent tout à coup resserrés par le froid & la sécheresse du printemps ; l’été qui succède immédiatement après des vents du sud, & par conséquent humides, ne produit point un dessèchement suffisant ; des lienteries & des hydropisies doivent donc être nécessairement une suite des maladies d’été ; ce qui doit encore d’autant plus se réaliser, si l’été est pluvieux tel qu’a été celui de 1761 ; & si l’automne suit la même température, les corps sont immanquablement menacés de maladies, au moins dans cette dernière saison. De-là, les saisons ont beaucoup concouru pour établir l’époque du commencement de cette maladie en automne, & ses plus grands progrès en hiver. Les animaux les plus foibles sont les moins capables de résister ; mais ceux-ci étoient foibles par leur âge, & ensuite par les circonstances dans lesquelles ils étoient nés ; car les anciens ont toujours observé que les animaux qui mettent bas leurs petits dans un printemps sec & humide, courent risque d’avorter, ou de donner le jour à des productions foibles & valétudinaires. Cependant les saisons n’ont pas contribué seules à l’hydropisie des moutons, le vice des alimens y a encore eu beaucoup de part ; en effet, lorsqu’une nourriture trop humide se joint aux vices de l’atmosphère, la maladie doit être immanquable. La transpiration supprimée d’une part, les vaisseaux d’ailleurs remplis de sucs aqueux, insipides, privés de fermentation qui pourroit encore vaincre les obstacles ; ces causes ne suffisent-elles pas pour produire la stagnation & ensuite l’épanchement qu’on a observé dans les moutons malades ? La dissolution du sang est une suite immédiate de cette humidité excessive : conséquemment la couleur de ce liquide, de même que celle de toutes les parties qu’il abreuve, doivent s’altérer & demeurer pâles, & les chairs des animaux, fades & insipides : le foie doit éprouver la plus forte discrasie, & sa chaleur combinée avec une humidité surabondante, le dispose nécessairement à la corruption.

Quant aux vers plats qu’on a aussi remarqués à l’ouverture de ces ani-