Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/299

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favoriser le renouvellement de l’air. Il y a pareillement des précautions à prendre sur les endroits où on les mène paître ; les coteaux & les plaines sont, comme nous l’avons déjà observé plusieurs fois, les lieux qui leur conviennent le mieux ; on ne les mènera donc pas paître dans les endroits bas, humides & marécageux ; on choisira, en outre, pour le matin & le soir, les exportions favorables pour les mettre à l’abri de la grande chaleur du soleil ; les bruyères sèches où il se trouve un peu de bois, conviennent beaucoup. Mais ce n’est pas encore en cela seul que doivent consister tous les moyens de préserver les moutons de la pourriture, la manière de les nourrir y contribue aussi beaucoup ; on ne les laisse pas paître dans la rosée qui contient, principalement dans les lieux bas & humides, des principes propres à accélérer la pourriture ; en un mot, l’objet principal auquel il faut avoir égard, confine uniquement à savoir retarder, par des précautions convenables, la disposition que ces animaux ont à se charger d’une graine qui leur devient funeste.

Le sel est salutaire aux brebis ; on cesse de leur en donner deux ou trois jours après qu’elles ont été couvertes, parce que son usage continuel, ainsi que des autres nourritures chaudes, ne manque pas de les faire avorter ; il corrige l’excessive humidité dans les mauvaises faisons, lorsqu’il est donné modérément ; le sel gris est préférable au sel blanc ; la partie terreuse avec laquelle il est combiné, a une certaine astriction favorable aux indications à remplir dans la maladie dont il s’agit actuellement ; elle fixe davantage l’action du sel, & le rend moins caustique. Il seroit encore très-utile de faire cueillir, dans les endroits élevés, du serpolet & d’autres plantes odoriférantes, qu’on mêleroit parmi les alimens des moutons ; ces sortes d’herbes donnent beaucoup de saveur à leur chair, & remédient par conséquent à cette fadeur & insipidité, qui sont les suites nécessaires de la maladie qui a régné en Boulonnois. Toutes les pailles sont propres à la nourriture des moutons. M. Hastfer prétend aussi que toutes sortes de feuilles d’arbres peuvent leur convenir, même celles de sapin, pourvu qu’on les mêle avec un peu de foin. Les feuilles de chêne qui sont astringentes, seront sans contredit un aliment qui pourra leur servir en même temps de remède. Les feuilles de bouleau passent pour être très-bonnes dans l’hydropisie ; elles sont par conséquent très-bien indiquées dans la maladie que nous traitons. Les Allemands & les Anglois font grand cas des bois de genièvre dans les maladies pestilentielles ; l’écorce & les feuilles de saule ont une qualité rafraîchissante & astringente ; on vante les baies du sorbier dans l’hydropisie ; le chèvrefeuille échauffe & dessèche beaucoup, c’est un fort diurétique ; il est propre à désopiler la rate ; la viorne dessèche & resserre ; les feuilles, le fruit & l’écorce du prunier sauvage ont la même vertu. L’écorce de la racine de l’aune noir, qui porte des baies, est un violent purgatif ; elle est fort utile dans l’hydropisie ; les feuilles de nerprun & des différentes ronces ne sont pas moins efficaces ; toutes les parties de l’orme sont astringentes & détersives ; la semence de frêne mise en poudre est excellente contre