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que le lien n’a pas assez de prise sur le petit diamètre du fil de fer. Si le lien est trop serré, (chose indispensable dans ce cas) il empêche la croissance du bourgeon ou de la branche, ou plutôt l’un & l’autre croissent ; mais le lien & le fil de fer s’implantent dans l’écorce, il s’y forme un bourrelet, (Voyez ce mot) & voilà une branche ou bourgeon perdu, ou du moins très-maléficié. La loque seule prévient tous ces inconvéniens, ne donne ni aux branches ni aux bourgeons des tours forcés, des attitudes gênées, & assujettit les uns & les autres sans gêner l’ascension ou la descension de la sève.


ESPARCETTE. (Voyez Sainfoin)


ESPÈCE. Ce mot indique les différences secondaires qui font distinguer un fruit, une fleur, une plante, d’un ou de plusieurs autres Individus du même genre. Plus de cinquante mille individus de plantes sont connus, en comptant les variétés avec les espèces. Afin d’en se connoître un ou plusieurs au milieu de cette multitude, il a fallu établir des méthodes générales, ou des systêmes pour les classer, & en partant des grandes divisions, on parvient successivement à l’individu que l’on désire connoître. Sur ce plan est fondée l’étude de la Botanique.(Voyez ce mot) Chaque auteur, après avoir fait ses grandes divisions, ou après avoir établi les familles sur un caractère essentiel quelconque, les a divisées en genre, & les genres ont renfermé les espèces. Par ce moyen, on peut comparer l’ensemble des plantes à celui d’une armée. Les régimens représentent les classes, ou ordres, ou familles ; la compagnie, les genres, & chaque individu qui compose la compagnie, est l’espèce. D’après ces divisions, un général peut savoir le nom du dernier des soldats, & le connoître personnellement ; de même le botaniste peut, par le secours des méthodes ou classes, (voyez ce mot) soit naturelles, soit artificielles, distinguer, au milieu de la multitude des plantes, l’indidividu qui se présente à sa vue, & reconnoître les caractères constitutifs de son espèce, qui lui impriment des signes à lui seul appartenans.

J’ai que le caractère ou les caractères des espèces, portoient sur des différences secondaires ; ils sont pris de la forme du fruit, des feuilles, de la tige, des racines, &c. & non sur les parties constituantes de la fleur ou du fruit : les mauves, par exemple, déterminent un genre, & ce genre est composé d’un grand nombre d’espèces. On reconnoît dans tout l’ensemble une similitude, une figure propre & commune à toutes les espèces qui constituent ce genre ; mais chaque espèce a un caractère qui la spécifie & la distingue de toutes les autres ; certainement la mauve qui croît dans les champs, le long des chemins, est bien différente de l’espèce cultivée dans nos jardins, & cependant toutes les deux sont de véritables mauves ; il en est ainsi de la mauve frisée, de la mauve en arbre, &c..

La culture fait beaucoup varier les espèces ; alors, pour parler le langage des botanistes, elle produit des variétés ; par exemple, des mauves à fleurs doubles, à fleurs jaunes, rouges, blanches, panachées. Ce que je dis des plantes, s’applique également aux