Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/376

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par ses travaux, nous allons réduire cette fameuse question au point juste où elle doit être. L’étain de commerce d’Angleterre, est allié ou naturellement ou artificiellement à une portion de cuivre, qui ne va à la vérité, au plus qu’à une demi livre par quintal, ce qui est très-peu. Il ne contient pas de plomb ; mais tous les échantillons, que ce savant chimiste a essayés, lui ont donné des atomes de régule d’arsenic ; les uns  ; d’autres la moitié moins, , ce qui est encore bien peu.

L’étain de commerce des potiers d’étain, pour acquérir plus de solidité & de ténacité, est allié avec diverses substances métalliques, comme le cuivre, le bismuth, le zinc, le plomb, & quelquefois le régule d’antimoine.

La loi autorise les potiers d’étain, à allier ce métal avec le cuivre & le bismuth, pour former l’étain fin, en les laissant libres de faire le mélange à volonté. Le public n’a pas à craindre qu’on en abuse, le cuivre &c le bismuth étant d’un prix égal & même supérieur à celui de l’étain ; de plus, ces deux substances employées, même à petites doses, donnent une grande dureté à l’étain ; l’ouvrier ne les allie à ce dernier qu’avec la plus grande circonspection, aussi cet alliage ne va-t-il qu’à deux livres, ou deux livres & demie de cuivre rouge au plus, & une livre de bismuth, sur quatre-vingt-dix-sept livres d’étain pur. Il est absolument défendu par la loi de mêler le plomb dans l’étain fin : il n’en est pas de même pour l’étain commun ; la loi, sans nommer ce métal, autorise le potier à le faire entrer dans les ouvrages qu’il fabrique & vend sous ce titre. Malheureusement, comme elle n’en a pas fixé la proportion, l’abus a été porté très-loin à cet égard. Autrefois on ajoutoit sept livres de plomb à quatre-vingt-treize livres d’étain fin, & c’étoit l’étain commun dont on faisoit la vaisselle & tous les ustensiles. Les choses ont bien changé depuis ce temps ; l’intérêt, qui ne calcule que son profit, & qui compte pour rien l’infraction des loix, la santé de ses concitoyens, pourvu qu’il augmente ses richesses, a porté le mélange jusqu’au quart par quintal ; & il n’est pas rare de trouver dans le commerce, de l’étain commun, qui contient vingt & vingt-cinq liv. de plomb.

L’alliage à moitié de plomb & d’étain, compose l’étain claire-étoffe, qui, à la vérité, n’est pas employé pour la fabrication des ustensiles de cuisine & de ménage ; on ne s’en sert guère que pour la soudure.

La nature de ces étains du commerce étant bien connue, examinons le degré de danger dont ils peuvent être.

1o. L’étain d’Angleterre contient, comme nous l’avons vu plus haut, de régule d’arsenic, & quelques-uns encore moins . Un tel étain est-il dangereux ? Si nous consultons l’excellent ouvrage de M. Bayen, il ne l’est pas. Il a nourri pendant très-longtemps, une chienne & un petit chien avec des substances qui avoient été préparées ou dans des vases d’étain, ou sur lesquelles il répandoit de la limaille d’étain, qui contenoient cette proportion & ils n’ont point été incommodés. Il a poussé l’expérience plus loin, puisqu’il a fait prendre à la chienne, des alimens dans lesquels il se trouvoit seize grains de limaille d’étain, allié à , & même à d’arsenic, sans