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ou deux toises à partir de la pente, doit encore régner un pavé & encore mieux de la maçonnerie, afin que la chute des eaux n’entraîne pas le terrein, & ne parvienne enfin à creuser sous le talus.

La partie supérieure du dégorgeoir, celle qui détermine le niveau constant de l’eau, sera garnie d’une grille, ou en fer ou en bois, dont les barreaux seront espacés d’un pouce, & la hauteur de cette grille égalera celle de la chaussée. On ne sauroit lui donner trop d’étendue, c’est le moyen de prévenir tous les accidens.

Si au-dessous de ce premier étang on en construit un ou plusieurs autres, l’eau des dégorgeoirs servira à les remplir. Cette méthode n’est pas sans inconvéniens : pour peu que l’eau soit abondante dans l’étang supérieur, pour peu que l’intensité de pluies soit forte, les étangs inférieurs risquent d’être emportés, car outre les eaux qu’ils reçoivent naturellement, ils auront encore à recevoir le trop-plein des étangs supérieurs, & il est clair que les dégorgeoirs des étangs inférieurs ne seront pas suffisans, à moins qu’on ait eu l’attention de multiplier leur étendue en proportion de celles des étangs supérieurs, de manière que toute la superficie de la levée seroit elle-même un dégorgeoir garni de sa grille : il est presque impossible qu’un pareil édifice se soutienne.

La prudence indique un moyen de prévenir les fâcheux accidens : il consiste à rassembler l’eau des dégorgeoirs dans un fossé proportionnellement large & profond, qui régnera sur les deux côtés de l’étang, ou au moins sur un. Pour remplir les empalemens inférieurs, on pratiquera à chaque dégorgeoir un empalement susceptible d’être ouvert ou fermé à volonté ou même percé d’un certain nombre de trous, par lesquels une masse d’eau fixée s’échappera d’un étang dans un autre, & il ne pourra jamais y passer que cette quantité.

Si l’étang est entretenu par le courant d’un ruisseau, il est essentiel de garnir d’une semblable grille, l’endroit où le ruisseau communique à l’étang, parce que la truite, le brochet & l’anguille, &c remonteroient le ruisseau & seroient perdues pour le propriétaire.

Le fossé de ceinture dont on a parlé, non-seulement prévient les accidens, mais il procure l’avantage de ne pas perdre les eaux, de diriger & rendre utile leur cours & leur chute, au service des moulins, des usines & même a l’irrigation des prairies. Le local indique l’usage auquel on doit les destiner.

Le local de l’étang est préparé ; le canal construit, la chaussée préparée, les dégorgeoirs placés, il ne reste plus qu’à y faire couler l’eau & à la retenir au moyen de l’empalement.

V. De l’empalement. Sa forme varie : tantôt c’est une espèce de pale que l’on laisse tomber dans les rainures, dont on a parlé, & qui bouche exactement l’ouverture du canal ; tantôt c’est une pièce de bois de chêne, arrondie par sa base, & qui tombe perpendiculairement dans un trou de même forme, qui communique dans le canal & donne issue à l’eau lorsqu’il n’est pas bouché par cette bonde.

Il est aisé de concevoir quelle est