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la pression de l’eau contre l’empalement sur-tout, ou contre la bonde ; mais comme le manche de l’un & de l’autre s’élève au-dessus de la chaussée, & passe dans une pièce de bois à vis, ainsi que le manche, il est facile de les soulever en faisant tourner cette vis. La traverse taraudée & vissée, est supportée par deux pieux forts, sur lesquels elle est solidement assujettie en s’emboîtant avec eux. L’extrémité supérieure du manche excède la traverse, & cet excédent est appelé la tête, cerclée en fer, & percée de deux trous qui se croisent l’un sur l’autre, par où l’on passe les barres ou tourniquets, au moyen desquels on élève ou abaisse la pale ou la bonde. Plusieurs particuliers assujettissent la traverse des bois dans la maçonnerie même ; elle est plus solide, & exige moins de réparations : d’autres recouvrent la pale ou la bonde avec une couche de plomb laminé ; cette précaution est sage, & elle ne l’est pas autant, si on emploie le fer, parce que la rouille le corrode ; il ne prête pas comme le plomb, & pour peu que la pale ou la bonde soient agitées, le fer étant plus dur que la pierre, il la lime, il l’use, & il se forme de petites voies d’eau.

VI. De la cage. Avant de mettre l’eau, il convient d’établir solidement la cage sur le devant, & au moins à une toise de l’empalement ; des pilotis en nombre suffisant, seront enfoncés avec le mouton, fortement liés les uns aux autres par des traverses, de manière qu’ils forment un quarré & encore mieux un hexagone. Sur ces pieux on cloue à demeure des grillages en bois à forts barreaux, à moins que les pieux eux-mêmes ne soient placés assez près les uns des autres, pour empêcher que le poisson ne s’échappe & ne suive le courant de l’eau. Lorsque la pale est levée au moment de pêcher l’étang, & pour plus grande précaution, on les garnit encore du haut en bas avec des fascines.

Si quelque poisson traverse le grillage de la cage & les fascines, il se trouvera arrêté entre la cage & l’empalement, par le grillée du canal placé derrière l’empalement. Cette méthode n’est pas toujours suivie ; on expliquera tout à l’heure le cas d’exception. Dans les règles prescrites pour la construction d’un étang, j’ai pris un terme moyen dont on s’écartera plus ou moins suivant le local, l’étendue, la masse d’eau ; enfin, les circonstances que je ne puis ni prévoir ni détailler. En ce genre comme dans tous les objets d’agriculture, la parcimonie dans le principe, devient à la longue ruineuse dans les conséquences ; maxime qu’il ne faut jamais perdre de vue : ou entreprenez & executez bien, ou n’entreprenez rien du tout.

Section II.

De l’Empoissonnement.

La qualité des eaux décide la qualité du poisson dont on doit remplir l’étang. Il en est ainsi du fond du sol.

La carpe, la tanche, le lanceron, &c. aiment les eaux grasses, bourbeuses ; la perche, la truite, la vendoise, le gardon, la loche se plaisent dans l’eau vive, & parmi les rocailles ; la truite multiplie rarement dans les étangs même d’eau vive ; le brochet, le barbot, l’an-