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guille sont très-bien dans les fonds sablonneux.

Si on veut que le poisson prospère dans un étang, il est essentiel qu’il ne s’y trouve point de poissons voraces, tels que le brochet & la truite ; à quelque prix qu’ils soient vendus, le propriétaire est toujours en perte.

I. Des espèces de poissons. On distingue deux espèces de poissons, le marchand ; & la menuisaille. La carpe, le brochet, la perche, la anche, la vendoise, le barbeau, la truite & l’anguille sont des poissons marchands destinés à être transportés dans les villes ; la menuisaille, blanchaille ou roussaille, est vendue sur les lieux, à moins que l’étang ne soit à la proximité d’une grande ville.

Je ne décrirai pas les espèces de poissons dont on peuple les étangs, elles sont assez connues des vendeurs & des acheteurs ; cet objet est plus du ressort de l’histoire naturelle, que de mon Ouvrage ; il suffit d’indiquer leur utilité.

Le barbot ou barbeau, nommé barbillon dans sa jeunesse, détruit, dit-on, ceux de son espèce, craint le froid, & maigrit pendant l’hiver ; ses œufs sont réputés dangereux.

Le meûnier ou musnier approche du barbeau, aime l’eau vive & vit des petits animaux qui se trouvent dans l’étang.

La barbotte est un poisson de peu de valeur, cependant recherché à cause de son foie très-volumineux, proportion gardée avec son corps.

Le goujon, petit poisson assez insipide dans les étangs boueux, plus délicat dans ceux àfond sablonneux & dont l’eau est vive.

Le véron ou verdon, nommé ainsi à cause de la variété de ses couleurs, aime les eaux vives.

Le gardon, assez mauvais poisson, très-utile cependant pour nourrir les brochets, parce qu’il multiplie beaucoup, & c’est la seule raison qui fasse admettre ces six espèces de poissons dans les étangs, sans quoi ils y sont plus nuisibles que profitables.

La carpe est la reine des étangs ; & c’est principalement pour elle qu’on les construit : sa multiplication est prodigieuse, & aucun poisson n’est plus susceptible qu’elle de perdre les parties de la génération ou de devenir nulle ; alors elle devient carpeau, ou mâle ou femelle. (Voyez au mot Carpe, la manière de faire les carpeaux, de transporter ce poisson vivant, ainsi que tous les autres, décrite à cet article). Quoique la carpe réussisse très-bien dans les étangs, cependant elle n’est jamais comparable pour le goût à celle des eaux vives, telles que du Rhône, de la Loire, du Rhin, &c. La carpe vit très-long-temps, parvient à une grosseur monstrueuse ; les carpes de Fontainebleau en sont la preuve.

La braime rapproche beaucoup de la carpe pour la figure ; mais elle est plus large, plus platte, ses écailles plus grandes ; elle se plait dans la même eau que la carpe.

La vendoise ou vaudoise est plus délicate que la carpe, à laquelle elle ressemble quoique d’une couleur plus blanchâtre ; son corps est plus applati, son museau est plus pointu.

La tanche. Quoiqu’elle ne devienne jamais fort grosse, c’est un poisson fort recherché, toute espèce d’eau lui convient ; elle réussit mieux dans les eaux bourbeuses, & supporte facilement de longs transports.