Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/452

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est simplement armée d’un bon tranchant que l’ouvrier aiguise souvent avec une petite pierre de grès ; la forme varie également ; ici, la lame décrit un demi-cercle exact ; là, le demi-cercle s’élargit à ses deux extrémités : ailleurs, la faucille est perpendiculaire au manche, & dans d’autres endroits elle fait un petit angle avec lui, de manière que l’ouvrier a moins besoin de se baisser & coupe la paille plus près de terre. La largeur & la longueur de la lame varie beaucoup suivant les cantons ; dans quelques-uns l’ouverture entre la pointe de la lame & l’extrémité supérieure du manche, n’excède pas huit à dix pouces, & l’épaisseur de la lame est proportionnée ainsi que le diamètre du demi-cercle ; dans d’autres, son ouverture est de quinze à dix-huit pouces, & la largeur de la lame proportionnée d’une ligne par pouce ; son épaisseur est d’une bonne ligne du côté du dos ; l’ouverture du demi-cercle est plus évasée proportion gardée, que celle dont on vient de parler, V. la Gravure du mot Instrument d’agriculture où ces différentes faucilles sont représentées. Voy. l’article suivant pour connoître les bonnes lames, & quelle doit être la manière de les aiguiser.

Le faucillon est fait en forme de faucille & sert à couper les menus bois taillis.


FAULX ou FAUX. Instrument tranchant dont on se sert pour couper l’herbe des prés, les avoines, &c.

Section Première.

Des différentes espèces de Faux.

I. La faux la plus anciennement connue, consiste en une grande lame d’acier, large de trois doigts ou environ, un peu courbée & emmanchée au bout d’un bâton de quatre pieds de longueur, garni dans son milieu d’une main en bois. Dans la gravure du mot Instrument d’agriculture ; cette faux sera représentée ainsi que celle dont il me reste à parler. On y distingue l’arête qui est la partie opposée au tranchant, & qui sert à fortifier la faux sur toute sa longueur ; le couart qui est la partie la plus large de la faux ; il sert à la monter sur son manche par le moyen d’un talon qui empêche le couart de sortir de la douille où il est reçu & arrêté par un coin de bois.

II. La faux destinée à couper les seigles, les avoines, est en tout semblable, quant à la lame, à la première, mais elle en diffère par l’addition faite au manche. Supposez le manche étendu sur terre, & par conséquent la lame diagonalement inclinée, & le tranchant contre terre : à l’extrémité du manche où la lame est fixée, on implante en cet endroit ; par le moyen d’une mortoise, un morceau de bois léger, haut d’un pied environ, épais à peu près d’un pouce, & il se trouve placé perpendiculairement sur le manche de ce bois : à distance égale avec la lame, partent deux baguettes de bois léger & sec, auxquelles on a donné la même courbure que celle de la faux, & qui s’étendent aux deux tiers de fa longueur. Pour donner plus de solidité au bois qui soutient ces deux baguettes, on ménage une autre mortoise sur le manche, à un pied de distance de la première ; dans cette mortoise est fixée une des extrémités d’un morceau de bois, & l’autre va s’adapter dans la mortoise