Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/453

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placée au sommet du bois qui supporte les deux baguettes. Sans cette addition, le seigle, l’avoine, &c. tomberoient & se coucheroient par terre en tout sens, au lieu que ces baguettes, dans quelques endroits nommées playon, rassemblent les tiges & les couches exactement les unes à côté des autres ; de manière que le ramasseur qui doit former les gerbes, a très-peu de peine à les former.

III. En plusieurs endroits de la Flandre autrichienne, la faux destinée à couper les trèfles, diffère des deux premières ; la lame est plus courte, plus large ; cette lame est emmanchée perpendiculairement relativement à son plat, à un morceau de bois long d’un pied à quinze pouces. L’ouvrier tient ce manche de la main droite, frappe contre le pied du trèfle, & le coupe très-bas ; dans la gauche, il tient un morceau de bois, long d’un pied, & armé d’un crochet en fer, long de six pouces, avec ce crochet, il courbe le trèfle & frappe de l’autre en même temps : à mesure qu’il avance, le crochet lui sert à ramasser & botteler le foin ; ainsi, lorsqu’il a coupé environ une toise de longueur sur un pied de largeur, tout le trèfle abattu se trouve rassemblé en un monceau. Cette opération supprime celle de râteler, à laquelle on emploie communément les femmes & les enfans. On appelle cette opération piquer le foin, piquer le trèfle.

IV. J’ai vu près de Zuphten en Hollande, une faux un peu différente de celle que j’avois observé dans le Brabant, & que je viens de décrire ; elle diffère de la première, par son manche de deux pieds & demi, à trois pieds de longueur ; à l’extrémité supérieure de ce manche est un morceau de bois un peu incliné, long environ de huit pouces & large de trois ou quatre. L’ouvrier place sa main droite au sommet du manche au-dessous de l’endroit recourbé, & tendant le bras pour frapper, le morceau de bois ajouté à ce manche, se joint contre son avant-bras, & lui sert de point d’appui : la lame de la faux est semblable aux nôtres. Cette manière de faucher m’a paru fort expéditive, & l’ouvrier beaucoup moins fatigué que celui de nos provinces. Son bras seul agit, tandis que le service de la faux ordinaire tient tout le corps dans un mouvement perpétuel.

V. Entre Arahem & Zuphten, la faux dont on vient de parler, varie dans le haut de son manche ; le haut du manche est coudé de manière que la main de l’ouvrier saisit entièrement ce coude, & son pouce appuie sur le manche proprement dit. À l’extrémité supérieure du coude, il y a un autre coude semblable à celui de la faux que l’on vient de décrire. Voyez gravure du mot Instrument d’agriculture.

Il se peut fort-bien qu’il existe d’autres faux, outre celles que j’ai décrites ; mais je ne les connois pas. S’il y en a de plus utiles, je prie de m’en communiquer le dessin, & j’en ferai part au public.

Section II.

Observations publiées par M. Duhamel dans ses Élémens d’agriculture, sur la manière de faucher les blés, les avoines, &c. avec la Faux.

Comme cette méthode est seule-