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En observant attentivement an microscope l’intérieur des mailles du réseau cortical de l’écorce inférieure, on remarque un petit corps globuleux embrassé par une fibre ou un vaisseau, dont la figure est à peu près celle que présente la circonférence des corps globuleux. M. Desaussure a donné à ce corps globuleux le nom de glande corticale. Il faut bien distinguer cette espèce de glande, des glandes qui sont extérieures & reposent sur la surface des feuilles. (Voy. le mot Glande)

La figure des glandes corticales est communément ovale, plus ou moins alongée, quelquefois circulaire, & quelquefois aussi longue que large. Les vaisseaux qui forment le réseau, viennent s’aboucher & s’anastomoser avec celui qui environne la glande, & ils paroissent être de même nature. Dans certaines plantes, ces glandes sont si sensibles qu’on les apperçoit même à travers l’épiderme. Grew & M. Guettard les ont observées, & c’est à elles que ce dernier a donné le nom de glandes milliaires, à cause de leur multiplicité sur certaines feuilles. Dans les feuilles dont les mailles du réseau cortical sont très-alongées, le plus grand diamètre de la glande est parallèle à la longueur de la feuille, comme dans les liliacées, les orchis, les gramens, les pins, l’if, le genévrier, &c. Quoique leur grandeur soit variable, M. Desaussure n’en a jamais vu qui fussent cinq fois plus longues ou plus larges que celles d’une autre plante, & les plus grandes ne lui ont pas paru avoir plus d’ de ligne pour diamètre moyen.

Les glandes, comme le vaisseau qui les enveloppe, & les fibres du réseau cortical, sont transparentes & sans couleur.

Quel peut être l’usage de cet organe ? Ce n’est pas en vain que la nature l’a disposé avec tant d’appareil. M. Desaussure pense, d’après la position constante des glandes corticales auprès de la surface de la feuille, & leur organisation, que probablement elles sont destinées à séparer les sucs qui doivent faire la matière de la transpiration, ou à préparer & assimiler aux végétaux les vapeurs & les exhalaisons qu’ils absorbent par leurs feuilles. Ce qui appuie son opinion, & ce qui m’a été confirmé très-souvent, quand j’ai répété les observations microscopiques de M. Desaussure, c’est qu’il y a dans beaucoup de végétaux un rapport constant entre l’état de ces glandes & l’état de santé & de maladie des feuilles. Sont-elles vertes & bien portantes ? les glandes paroissent parfaitement transparentes ; jaunissent-elles ? les glandes s’obscurcissent & deviennent comme nébuleuses ; enfin, sont-elles tout-à-fait jaunes & prêtes à tomber ? les glandes deviennent tout-à-fait opaques, ou au moins entièrement obscures.

Cette observation appuie le sentiment nouveau sur la couleur des végétaux, que j’ai exposé au mot Couleur des plantes. Le passage de la transparence à l’état nébuleux & enfin à l’obscur & à l’opaque, ne vient que d’une fermentation intérieure du fluide renfermé dans la glande, qui se décompose & passe à l’état concret, à peu près comme une huile légère & transparente, qui, traitée avec un acide, passe à l’état de résine ou de baume.

Les nombreuses expériences de