Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/60

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enfin, l’eau, soit qu’elle soit en état de vapeurs, soit qu’elle soit en état de glace, offre toujours des effets produits par son élasticité naturelle.

§. IV. Compressibilité. Cette propriété dépend & dérive nécessairement de la précédente, & en prouvant l’une, on prouve l’autre. La compressibilité de l’eau est très-peu de chose, à la vérité, parce que toutes les molécules de l’eau infiniment petites par elles-mêmes se touchent encore presqu’en tous points : elles ne peuvent donc être comprimées que de l’étendue de leur demi-diamètre, ce qui est bien peu, à moins qu’elles n’aient été dilatées par quelque cause étrangère.

§. V. Dilatabilité. L’eau est dilatable, c’est-à-dire qu’elle peut occuper un espace plus étendu que celui qu’elle occupoit auparavant, & cela par deux moyens ; ou chaque molécule comprimée se rétablit sur elle-même par sa force d’élasticité ; mais c’est plus là un simple rétablissement qu’une vraie dilatation ; ou bien un corps étranger, s’insinuant entre les différentes molécules, les éloigne plus ou moins les unes des autres, & leur fait occuper un espace bien plus étendu. Comme cette dilatation est ordinairement produite par le feu, on la confond assez ordinairement avec la raréfaction. Au mot Vapeurs on voit la progression de la dilatabilité de l’eau, depuis son état ordinaire jusqu’à celui de vapeur. Avant que de quitter la dilatabilité de l’eau, il faut expliquer ici un des phénomènes les plus fréquens auquel elle donne lieu, les bouteilles d’eau, c’est-à-dire ces petites bulles d’eau que l’on voit naître, grossir, éclater & disparoître au-dessus de la surface de l’eau, soit lorsque la pluie tombe sur une masse d’eau, soit lorsqu’elle bout. Ces bouteilles d’eau sont dues, dans l’un & dans l’autre cas, au dégagement de l’air que la masse contenoit ; cet air chassé par la pluie, qui par sa chute bat l’eau, ou par la chaleur & le feu, cherche à s’échapper à travers les molécules aqueuses ; comme ces molécules ont une très-grande adhérence entr’elles, elles s’opposent à sa sortie, enveloppent la molécule aérienne, se dilatent avec elle, & se brisent enfin, lorsque la molécule d’air, beaucoup plus dilatable que l’eau, occupe un espace que les molécules d’eau ne peuvent plus recouvrir. Ces bouteilles sont rondes, parce que l’air qu’elles renferment se dilate en tout sens. Toutes les fois, que par quelque cause que ce soit, il se produit dans une masse d’eau un dégagement d’air ou des substances aériformes qu’elle contient, on voit reparoître ce joli phénomène ; l’eau dilatée au point que ces molécules soient absolument isolés & séparées les unes des autres, est alors en état de vapeurs. (Voyez ce mot)

§. VI. Condensation. Puisque l’eau est élastique & compressible, elle est par conséquent condensable, c’est-à-dire qu’elle peut occuper un espace moindre que celui qu’elle occupoit auparavant ; ceci n’a pas besoin de démonstration. L’état de condensation, dans lequel l’eau se trouve le plus ordinairement, est celui de glace, & quoique un morceau de glace en se réfroidissant augmente de volume, comme ce phénomène n’est produit que par une