Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cause étrangère, il n’en est pas moins vrai de dire que l’eau gelée est une eau condensée. (Voyez le mot Glace)

§. VII. Action dissolvante de l’eau. L’eau est un menstrue ou un dissolvant de presque tous les corps ; peu échappent à son action : une grande quantité de substances terreuses, pierreuses, métalliques & salines, sont plus ou moins vite attaquées & dissoutes par ce menstrue. Non-seulement c’est par érosion que l’eau les attaque, mais encore c’est souvent par combinaison, sur-tout quand elle contient de l’air fixe, (voyez ce mot) qui lui est presque toujours uni ; alors son action est plus vive & plus énergique, & elle forme, avec les corps qu’elle dissout, de nouveaux mixtes. C’est à ce pouvoir de l’eau de dissoudre, & à son évaporation postérieure, que sont dues les concrétions pierreuses, les stalactites, les rouilles de fer & de cuivre, les dissolutions des sels, & sur-tout toute la suite si variée des eaux minérales.

Telles sont, en général, les qualités physiques de l’eau, dont la connoissance est la plus nécessaire pour bien entendre tous les phénomènes que ce fluide nous offre.

Section III.

Action de l’Eau sur les règnes animal & végétal.

§. I. Action de l’eau sur le règne animal. L’eau existant dans tous les corps, & y existant & comme élément & comme mixte, doit nécessairement influer sur leur façon d’être ; les corps inanimés & impassibles ne lui doivent que quelques changemens passagers, que quelques modifications particulières, qui ne différencient point essentiellement leur nature morte ; mais les corps qui sont doués d’une vie & d’un mouvement régulier qui l’entretient, éprouvent de la part de l’eau une influence à laquelle ils doivent presque toujours cette même vie. Cette influence peut être intérieure ou extérieure ; & la connoissance de l’un & l’autre mérite toute notre attention.

Quelque partie du corps animal que l’on analyse, le premier produit est un phlegme ou de l’eau, légère, plus ou moins transparente, en un mot assez pure, & qui le seroit absolument, si elle n’entraînoit avec elle les principes volatiles les plus fugaces. D’après cette simple expérience, il est donc démontré d’abord, que l’eau entre comme partie constituante dans l’organisation animale. D’où vient cette portion aqueuse si abondante, que l’on retrouve non-seulement dans les fluides, comme le sang, la lymphe, la bile, l’urine, le lait, &c. mais encore dans les solides, les muscles les cartilages, les tendons, les nerfs même & les os ? Par quel mécanisme s’y est-elle introduite & s’y est-elle fixée ? La première portion que le fœtus en reçoit, vient de sa mère, & la même cause qui produit dans son sein le développement de l’embryon, l’accroissement des parties, & la nourriture du tout, fait couler en même temps ou plutôt imbibe chaque partie individuellement de l’humeur aqueuse, nécessaire pour l’entretien du jeu de toute la machine. Dans le fœtus, & même