Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/612

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Causes du fic. Le fic ou crapaud provient de l’âcreté de la lymphe nourricière, & sur-tout de la saleté ou des ordures, ou du fumier des écuries dans lesquelles le pied du cheval séjourne, & encore de l’âcreté des boues dans lesquelles l’animal est obligé de marcher, & quelquefois aussi à la suite des eaux au paturon. (Voyez Eaux aux jambes)

Les chevaux y sont plus sujets que-les autres animaux. On observe même que ceux qui ont les talons hauts & la fourchette petite, y sont plus exposés que les autres ; la raison en est simple : la fourchette se trouvant éloignée de terre relativement à sa hauteur, ne se trouve point comprimée par son appui sur le sol ; l’humeur séjournant à défaut de cette compression, elle occasionne le fic. C’est pourquoi nous voyons rarement naître des fics aux pieds dont les talons sont bas, & dont la fourchette porte à terre.

Des espèces de fic ou crapaud. Nous, en reconnoissons de deux espèces ; le fic bénin & le fic grave.

Le fic bénin n’attaque que la fourchette, tandis que le fic grave attaque non-seulement la fourchette, mais encore la sole charnue, la chair cannelée des talons, celle des quartiers, ou la partie postérieure du cartilage de l’os du pied ; & c’est toujours dans ce dernier cas que le cheval boite.

Curation. La plupart des maréchaux, pour guérir le fic, débutent ordinairement par le couper, ou à le brûler par les caustiques, dans la vue d’éviter de dessoler l’animal. Mais une expérience journalière prouve que ces moyens ne suffisent pas, parce que l’humeur du fic se portant alors sur les côtés, au-dessous de la sole de corne, elle y produit par son séjour, des fics nouveaux. Le plus sûr moyen donc à mettre en usage, est de dessoler l’animal, (Voyez Dessoler) pour s’assurer des racines du fic & les emporter. Si l’on se contentoit d’en détruire l’extrémité seulement, il est certain qu’il reviendront toujours, & que la cure ne seroit jamais parfaite. La dessolure étant faite, on applique sur la plaie de petits plumaceaux imbibés d’essence de térébenthine, observant sur-tout de faire compression, sur-tout à l’endroit de la fourchette. On lève l’appareil au bout de cinq jours, pour panser ensuite la plaie avec l’onguent égyptiac qu’on trouve chez les apothicaires ; & le reste de la sole, avec la térébenthine jusqu’à parfaite guérison.

Nous avons dit plus haut, que le fic grave affectoit spécialement la sole charnue jusqu’à l’os du pied, & qu’il s’étendoit quelquefois jusqu’à la chair cannelée des talons & celle des quartiers. Dans ce cas, la maladie est des plus sérieuses, d’autant plus qu’elle est en partie occasionnée par la corruption des humeurs qui abreuvent le pied de l’animal. Le traitement aussi doit être différent. On met le cheval au son & à la paille pour toute nourriture ; on lui passe un séton à chaque fesse, & un autre au-devant du poitrail, pour détourner une partie de l’humeur qui se porte au pied. Deux ou trois jours après, on dessole l’animal, & on coupe le fic jusqu’à la racine avec la feuille de sauge, ou tout autre instrument convenable. Le maréchal apperçoit-il que l’os est carié, (Voyez Carie) il doit le ratisser, pour emporter tout ce qu’il y a de gâté sur la surface, & appliquer