Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/622

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le plus méthodique, & qu’on est forcé de l’abandonner. Il est de fait que les fièvres quartes qui surviennent en automne, guérissent très-difficilement : on les voit disparoître pour l’ordinaire au printemps, sans qu’on emploie le moindre remède. Il vaut mieux pour lors se conformer à cette marche, que d’accabler les malades de fébrifuges qui ne leur sont d’aucune utilité.

Toutes les précautions que l’on doit prendre se réduisent à empêcher qu’il ne se forme des obstructions dans le bas ventre ; ce qu’on prévient aisément en purgeant une fois tous les mois le malade, & en lui prescrivant l’usage de quelque tisanne apéritive.

La fièvre lente est très-longue, & se porte au delà du terme ordinaire des autres. Elle redouble tous les soirs, & ce redoublement est toujours précédé d’un frisson, sur-tout lorsqu’elle est symptôme d’un ulcère intérieur.

Cette fièvre reconnoît une infinité, de causes : elle dépend très-souvent des obstructions des viscères du bas ventre, & de leur engorgement. (Voyez Obstructions) Elle est souvent entretenue par un ulcère au poumon ; (voyez Phthisie) elle peut être aussi l’effet de longues maladies, d’un amas d’eau contenue dans la poitrine ou le bas ventre ; (voyez Hydropisie ascite & de poitrine) tout comme de la répercussion de quelque humeur qui avoit établi son siége sur la peau, telle que la gale. (Voy. ce mot) Les hémorragies trop abondantes la procurent quelquefois, en jetant ceux qui y sont sujets dans un état de sécheresse, de maigreur. (Voyez Marasme)

La fièvre maligne a toujours été l’écueil de la médecine & des médecins. Quelquefois sous le masque d’une maladie simple, elle cause les plus grands ravages, parce que son caractère est souvent très-difficile à être connu. On observe toujours pour premier signe caractéristique de la malignité, un abattement général des forces, très-disproportionné aux autres symptômes, & l’abattement de l’ame est égal à celui du corps. Il paroît ensuite des mouvemens convulsifs, tels que les soubresauts des tendons : l’ame est aussi dans un mouvement convulsif, caractérisé par un délire obscur ; le malade ne sent pas son état ; la respiration est légèrement gênée, mais néanmoins d’une manière sensible. Les symptômes les plus communs sont le hoquet & un penchant à vomir.

Il faut faire ici la guerre à l’œil, combattre ces symptômes à mesure qu’ils paroissent, parce qu’on a ensuite plus de facilité à remédier à ceux qui se présentent.

Quand la fièvre est avancée, il survient quelquefois des taches pétéchiales, qui sont toujours symptômatiques dans la fièvre maligne simple, & non critiques. Le malade ressent souvent des douleurs fixes gravatives dans différentes parties du corps ; il éprouve des tiraillemens dans les extrémités, quelquefois un engourdissement, & même une paralysie. On y observe encore des fortes hémorragies. Ces symptômes se soutiennent dans une espèce de balancement, de telle sorte que les malades sont mieux un jour, & plus mal l’autre ; & aucun de ces deux états ne se soutient long-temps. Il ne faut pas perdre de vue le changement