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qui se fait dans le pouls & dans les urines : ce qu’on y observe est du plus méchant caractère.

Cette fièvre se termine par le délire ou par les convulsions, ou par un accès de prostration des forces. Dans le premier cas, le délire & l’abattement des forces sont plus fixes & plus concentrés : ces derniers gagnent des extrémités vers la tête ; & cette progression est si remarquable, que lorsqu’elle a atteint les parties voisines de l’origine des nerfs, la mort est prochaine. Dans le second cas, le pouls devient petit, lent, foible ; les selles se suppriment, & il survient des défaillances que le froid & la mort suivent de près. Si la maladie au contraire a une terminaison heureuse, la nature reprend peu à peu ses forces ; le délire cesse par intervalle ; le pouls devient plus grand & plus égal. Alors il survient des urines ou des sueurs critiques, selon que la maladie a plus d’affinité à l’affection inflammatoire ou putride.

La terminaison la plus fréquente se fait par les sueurs chaudes universelles, qu’il faut aider par des remèdes Alexipharmaques, (voyez ce mot) mais donnés avec beaucoup de modération. Quelquefois même il n’y a ni coction, ni évacuation apparente, & cependant la maladie se résout ; ces cures sont rares & incertaines. On doit favoriser ces résolutions spontanées, par des cordiaux, & autres remèdes appropriés. Lorsqu’il ne paroît pas d’agitation critique, bien manifeste, mais qu’au contraire le malade reste foible & calme aux jours critiques, sans que des évacuations salutaires aient précédé, c’est un mauvais signe, il faut alors réveiller & renforcer la nature.

Toutes ces indications peuvent être bien apperçues par les maîtres de l’art, mais il ne sera pas au pouvoir du cultivateur de les apprécier & d’en découvrir les nuances. Nous croyons qu’il est très-essentiel d’avoir recours à des médecins instruits pour combattre cette fièvre.

On peut néanmoins donner des acides qui ne nuisent jamais, en ce qu’ils s’opposent à la putréfaction & à la putridité, en attendant des conseils plus éclairés de la part des personnes de l’art : aussi nous n’insisterons plus sur cette fièvre ; nous nous contenterons d’en avoir donné les symptômes les plus caractéristiques, pour la faire bien connoître, & distinguer des autres fièvres. M. AM.

Addition du Rédacteur. Quoique je ne sois pas partisan des recettes, & que je regarde très-peu de remèdes comme spécifiques, je crois devoir publier de nouveau une recette extraite du Journal de Médecine, Mars 1766, p. 243 ; elle fut annoncée dans le temps comme un remède acheté par le Roi d’Espagne, & publié par son ordre. Depuis cette époque, je l’ai mise habituellement en pratique dans les campagnes, & elle a toujours été suivie du succès le plus décidé contre les fièvres intermittentes. Tout le remède consiste dans une demi-tasse de café, à laquelle on ajoute pareille quantité de jus de citron.

« Prenez du café torréfié & passé par le moulin ordinaire, la quantité suffisante pour deux tasses, c’est-à-dire, six drachmes que vous ferez bouillir dans une seule tasse d’eau commune jusqu’à la consomption de moitié. Laissez reposer… ; versez ensuite la décoction doucement & par incli-