Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/636

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ques à quand préféreront-ils que la fécondité de la terre soit payée par le sacrifice de leurs bœufs, sans lesquels ils ne sauroient la fertiliser, plutôt que de renoncer à leurs cruelles habitudes ? Jusques à quand seront-ils aveuglés sur leur propre intérêt ? N’entendront-ils jamais la voix de la raison, en secouant les préjugés ruineux dont ils ont été tant de fois la victime ?

Traitement. Il s’agit de diminuer la quantité du sang, de modérer le mouvement du cœur, & de diminuer la disposition inflammatoire des humeurs, en saignant l’animal. Il est d’observation que la saignée est de tous les remèdes celui qui soulage le plus promptement, & que plus on la retarde, plus le sang devient couenneux ; mais la dose du sang à tirer, nous le répétons, doit être toujours proportionnée aux forces, à l’âge, à la taille, à l’espèce, & à l’intensité des symptômes qui accompagnent la maladie. On ne risque rien de répéter la saignée trois ou quatre fois dans l’espace de quarante-huit heures. Si, au commencement du troisième jour, les symptômes subsistent encore, on ne doit pas craindre même de la répéter. On doit administrer des boissons tempérantes & mucilagineuses, d’une décoction de mauve, de guimauve, &c. en y ajoutant du sel de nitre pour le cheval, & de la crème de tartre pour le bœuf. Qu’on se garde bien d’exciter l’excrétion des urines ou des sueurs, au commencement de la maladie, par l’usage des diurétiques & des diaphorétiques, & même vers la fin, avec les cordiaux, comme on le pratique journellement à la campagne ; ce seroit le vrai moyen de suspendre ou de retarder toutes les excrétions, parce que la fièvre étant plus violente, moins les sueurs, les urines & les autres excrétions doivent avoir lieu. Les lavemens émolliens sont aussi indiqués & d’une utilité essentielle dans cette maladie, par la vertu qu’ils ont d’entraîner les excrémens durs & arrêtés dans les petits intestins, de fomenter toutes les parties contenues dans le bas ventre, d’établir une dérivation du côté de cette même partie, de diminuer l’impétuosité du sang vers la tête, de détendre l’abdomen, & de favoriser, par conséquent, un flux d’urine plus abondant & plus facile. On peut rendre ces lavemens purgatifs, en y faisant dissoudre quatre onces de pulpe de casse ; mais ces lavemens ne sont indiqués qu’au commencement de la maladie, pour seconder l’effet des remèdes mucilagineux, & sur-tout pour n’avoir pas recours aux forts purgatifs, toujours dangereux dans la fièvre inflammatoire.

Mais, lorsque la matière fébrile au lieu de marquer, de se procurer une issue par les vaisseaux excrétoires, paroît au contraire menacer d’affecter le cerveau, il faut se hâter d’appliquer les vésicatoires de la manière déjà plusieurs fois indiquée dans cet Ouvrage, & en réitérer même l’application, jusqu’à ce qu’on soit assuré d’un changement.

S’il paroît au contraire des tumeurs sur les tégumens de l’animal, on doit espérer une bonne issue de la part des efforts de l’art ou de la nature ; ces efforts étant capables de produire un dépôt salutaire, dans quelque point de la superficie du corps, il faut donc diriger toutes ses vues de ce côté-là ; quò natura