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l’intérieur de l’animal, sans cependant procurer plus d’évacuation.

Quant au traitement des tumeurs qui paroissent quelquefois sous les tégumens, il faut les ouvrir, & les enlever avec l’instrument tranchant. L’extirpation faite, on laisse saigner la plaie, & on la panse avec l’onguent digestif, & non avec des caustiques, dont l’emploi est toujours nuisible en pareil cas, en ce qu’ils augmentent la douleur, troublent les crises salutaires que la nature cherche à former par ces dépôts.

Nous avons dit plus haut que cette maladie étoit contagieuse & épizootique ; elle exige donc des secours préservatifs ; on n’a qu’à consulter ceux qui sont indiqués & recommandés aux mots Contagion, Épizootie.

Section VII.

De la Fièvre inflammatoire.

Le bœuf y est beaucoup plus sujet que le cheval. Dès qu’il commence d’en être attaqué, les oreilles, les cornes & les tégumens sont froids ; le pannicule charnu tremble ; l’animal est inquiet, s’agite, se couche, se lève ; ses yeux deviennent rouges, enflammés & larmoyans ; les oreilles, les cornes & les tégumens prennent une chaleur considérable ; la langue & le palais sont secs & brûlans ; l’haleine est chaude, la tête est basse, & les oreilles pendantes ; il est dégoûté, il cesse de ruminer : la vache perd le lait ; les excrémens sont desséchés & de couleur noire ; tantôt l’animal fiente souvent & peu, tantôt il est constipé ; il urine quelquefois, mais rarement, & avec beaucoup de peine ; la couleur des urines est rougeâtre ; la respiration est, pour l’ordinaire, pénible ; l’animal pousse de longs soupirs ; les forces musculaires diminuent peu à peu, tandis que les forces vitales semblent s’accroître ; ordinairement l’animal est plus fatigué la nuit que le jour, & souvent l’inflammation attaque le troisième, ou le cinquième, ou le septième jour, une partie interne, telle que le poumon, le larinx, les intestins, &c. ; ce qui donne lieu à une péripneumonie, à une angine ou esquinancie, à la dyssenterie, (voyez ces mots) ou bien une partie externe sur laquelle paroissent des tumeurs extérieures, qui participent du bubon & du charbon. (Voyez Bubon & Charbon.)

On ne peut point exactement fixer la durée de cette espèce de fièvre ; mais il est d’observation que lorsque les symptômes ne paroissent pas graves, & qu’ils marchent avec lenteur, que la maladie se termine vers le onzième ou quatorzième jour, tandis que l’animal meurt le troisième, & plus souvent le cinquième jour, lorsque les symptômes se montrent avec violence.

Causes. Nous rangerons parmi les principes ordinaires de la fièvre inflammatoire, les violens exercices, les chaleurs excessives de l’été, la mauvaise qualité des eaux & des alimens, & la constitution particulière de l’air.

Cette maladie étant ordinairement épizootique & contagieuse, il est aisé de comprendre quel doit être le danger de la cohabitation d’un grand nombre de bœufs réunis dans la même étable ; il y a déjà long-temps que nous nous élevons contre cette prévoyance mal placée des beuviers, pour se procurer beaucoup d’engrais, & ils ne nous écoutent point. Jus-