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tageuse pour se procurer de nouvelles espèces jardinières ; & je pense que si on multiplioit le semis des figues, déjà acclimatées dans le nord, on obtiendroit insensiblement des espèces qui craindroient beaucoup moins le froid, & n’exigeroient plus les soins dont on parlera ci-après. Qu’on se rappelle que le mûrier est aujourd’hui naturalisé en Prusse. Cet exemple prouve jusqu’à quel point on peut acclimater un arbre par des semis. Cette voie est longue, j’en conviens, & la plupart des cultivateurs se sont effrayés de la lenteur de la végétation de cet arbre ; mais le plaisir que l’on goûte lorsqu’on s’est procuré une espèce nouvelle, dédommage bien amplement des ennuis de l’attente. Il faut être amateur, pour le sentir dans sa plénitude. Combien cet arbre est agréable à sa vue, & combien le fruit qu’il a cueilli est délicieux !

Plusieurs personnes sèment la graine de figues desséchées, qu’elles font venir d’Espagne, d’Italie, de Provence, &c. ; elles se trompent ; la distance n’est pas proportionnée, & la réussite dépend du proche en proche. L’expérience a prouvé que trois ou quatre espèces réussissent passablement dans nos provinces du nord ; c’est donc avec la semence de leurs fruits qu’on doit multiplier les essais. À cet effet, on laissera ces fruits se pourrir, &, s’il se peut, se dessécher sur l’arbre, & on les conservera dans cet état, pendant tout l’hiver, dans un lieu sec. Au commencement d’avril, la graine sera détachée, autant qu’il est possible, de sa pulpe, & semée dans des terrines remplies de terre fine & substancielle. Une partie de ces terrines sera placée sur couche, l’autre dans un lieu bien abrité, & on y entretiendra une légère humidité. Les grains qui germeront dans les seconds terrines, auront déjà acquis un degré de dureté de plus que ceux des premières. Pendant l’hiver, les unes de ces secondes seront garanties du froid, & les autres très-modérément, & quelques-unes point du tout. Après l’hiver, on enlèvera les sujets des terrines, en ménageant avec grand soin les racines, & ils seront plantés séparément dans des pots, sur lesquels on répétera les expériences précédentes, jusqu’à ce que les pieds demandent la pleine terre.

2. Des Rejetons. Il en pousse souvent des racines des vieux figuiers, & même quelquefois ils sont multipliés à l’excès. Si l’arbre est franc, c’est-à-dire, s’il est venu de bouture ou de marcottes, les rejetons seront francs ; & il n’en en est pas ainsi si l’arbre a été greffé. On les laisse fortifier pendant deux ou trois années, & après avoir cerné la terre tout autour, on les déchausse, les enlève de terre, évitant d’endommager les racines ; enfin, on les plante dans l’endroit qu’on leur destine. Ces rejetons ont l’avantage de fournir des sujets pour la greffe.

3. Des boutures. Les pousses de l’année précédente ne peuvent servir à cet usage ; celles de deux ou trois ans valent beaucoup mieux, reprennent plus facilement, & sont moins sujettes à pourrir. (Voyez la manière d’opérer, décrite au mot Bouture).

4. Des marcottes, (consultez ce mot) Cette méthode assure la reprise, & il faut choisir des branches du même âge pour les boutures. On les fait en mars ou avril, c’est-à-dire, dès qu’on ne craint plus le