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froid. M. Mallet dans sa Dissertation sur la culture des plantes choisies, s’exprime ainsi : Je suppose qu’on a des mères-plantes de figuier dans son jardin ; il faut toujours marcotter les plus belles pousses de deux ans, que l’on suppose de la grosseur d’un pouce & de trois pieds de hauteur, qu’on aura arrêté dans le principe. Étant parvenu au 15 avril, il faut intercepter la sève à six pouces de terre de la manière suivante. Prenez votre serpette ; coupez l’écorce autour de la branche sans blesser le bois, enlevez l’écorce coupée en forme d’anneau. Le suc propre de la plante soutient la branche opérée, il se forme un bourrelet, (voyez ce mot) ce qui oblige les racines à s’y former de toute part, pourvu qu’on ait grand soin de les arroser. Parvenu au mois d’octobre, on détache pour lors ces arbrisseaux hors des pots, pour les mettre ensuite dans une caisse d’un pied six pouces quarrés. Il est entendu qu’on leur donne une bonne terre ; on les cultive une année dans son jardin, & on ne leur laisse aucun fruit ; au contraire, on les pince, afin qu’ils en donnent plus l’année d’ensuite.

5. Des greffes. (Voyez ce mot) Celle en sifflet est la seule d’usage ; elle se pratique sur les rejetons, dès qu’ils ont acquis un certain âge, & qu’ils sont sains & vigoureux.

§ III. De la culture des Figuiers.

L’arbre est destiné à figurer ou en espalier, ou en buissonnier, ou à donner des primeurs. Il faut ici vaincre la nature & la surmonter sans lui nuire ; car, de tous les arbres, le figuier est celui qui souffre le plus impatiemment d’être tourmenté, coupé, taillé, mutilé. Son bois est trop spongieux, & si la plaie n’est pas recouverte, la pourriture descend toujours & gagne jusqu’au tronc.

I. De l’espalier. Cette forme contre-nature suppose l’ébourgeonnement (voyez ce mot) des branches qui poussent contre le mur, & de celles qui poussent sur le devant ; puisqu’elles ne peuvent être appliquées au mur, sans être forcées dans leur disposition. Ces amputations multiplient les plaies & fatiguent l’arbre. Le premier ébourgeonnement bien fait, la conduite de cet arbre n’offre ensuite aucune difficulté, & le jardinier le moins habile palissera sans peine les nouveaux bourgeons à mesure qu’ils paroîtront. Pendant les premières années, cet arbre cherche à se délivrer de la captivité, en poussant beaucoup de bourgeons & de faux bourgeons ; cette fougue n’aura qu’un temps : lorsque le bois aura acquis une certaine consistance, qu’il sera moins séveux, il modérera son impétuosité, deviendra sage & se débarrassera de lui-même de beaucoup de bois inutile.

II. Du buissonnier. En plantant l’arbre, il faut avoir soin de rabattre la tige près de terre, afin de la forcer à faire une souche, de laquelle s’élanceront plusieurs tiges destinées à former le buisson ; si le nombre de ces branches est trop considérable, il convient de le diminuer avec précaution, afin de ne pas multiplier les plaies, & on peut laisser les autres pendant une ou deux années sans les arrêter, afin qu’elles acquièrent une hauteur convenable, & telle qu’on la désire. Parvenues à ce point, on les arrête au sommet, afin de les forcer à jeter des branches latérales.