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Il est aisé de trouver la cause de leur force végétative dans l’amas de débris des substances animales & végétales qui se putréfient autour des habitations. Elles agissent sur la terre, en l’imprégnant de leurs principes savonneux, & sur l’arbre, par l’air fixe qui se dégage pendant leur putréfaction, & que l’arbre s’approprie. Voyez le mot Amendement, & le dernier Chapitre du mot Culture, ainsi que le mot Air fixe.

Le choix du local destiné à une figuerie mise en culture réglée, est un objet capital. Les îles, dont le terrein a les qualités dont on a parlé plus haut, sont excellentes, ainsi que le bas des vallons, le bord des rivières ; en un mot, toutes les positions où l’aspiration d’un air vaporeux se trouve proportionné à la forte transpiration du figuier, afin d’établir l’équilibre entre la nourriture & les pertes.

Avant de planter une figuerie, le terrein doit avoir été labouré & croisé au commencement de novembre, également labouré & croisé en janvier & mars, & ce qui vaudroit infiniment mieux dans ce dernier mois, travaillé à la bêche. Cette opération est dispendieuse, il est vrai, mais la réussite d’une figuerie dépend presque toujours du premier défoncement.

§. II. Du temps de planter, & de la manière de planter.

Il y a deux époques, en mars & en août. La première est plus sûre : le plant est moins pressé par la chaleur ; les pluies tombent ordinairement en mars & avril dans les provinces méridionales, & presque toujours le ciel y est d’airain depuis le commencement de l’été jusqu’à l’équinoxe. Ceux qui peuvent disposer d’un courant d’eau, se passent aisément du secours des pluies, & la reprise du mois d’août dès-lors est assurée. On éprouve assez communément, dans les deux premières semaines de novembre, des froids précoces, & souvent de petites gelées qui font beaucoup de tort aux bourgeons poussés depuis le mois d’août ; ils sont encore herbacés, spongieux, & le froid les surprend & les fait périr. Ceux provenus depuis le mois de mars ont le bois plus fait, plus dur, & par conséquent moins susceptible aux impressions de l’atmosphère. Dans tout état de cause on doit préférer la première époque, sur-tout lorsque l’on n’a pas de l’eau à sa disposition, & qu’il faut attendre le secours plus qu’incertain des pluies. D’ailleurs, il en coûte infiniment plus au mois d’août pour défoncer la terre, alors épaisse, compacte, desséchée & calcinée : le travail devient dispendieux, & il est mal fait.

Nos planteurs sont très-scrupuleux sur le choix du jour de la lune, & ils ne craignent pas de dire que le figuier, mis en terre le premier jour, donne du fruit l’année suivante ; planté le second, deux ans après, & ainsi de suite ; de manière que ceux plantés au déclin de la lune font attendre leur récolte pendant vingt-huit à trente ans. Ces assertions sont trop ridicules pour les combattre ; il suffit de les indiquer. (Voy. le mot Lune)

Ils pensent encore qu’on doit placer au milieu de la figuerie un figuier sauvage, qu’ils appellent mâle, afin que ceux à bons fruits soient fécondés par lui. On a vu dans le Chapitre