Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/710

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rang de paille sèche de froment, d’orge ou d’avoine entre un lit de foin, & ainsi successivement, du bas jusqu’au haut. Comme la paille ne tasse pas ainsi que le foin, l’humidité intérieure s’évapore par les interstices qui se trouvent entre les brins de paille, & ils permettent l’entrée de l’air extérieur.

Dans plusieurs de nos provinces, on a la coutume de mélanger ainsi la paille avec le foin, & de donner cette mixture pour toute nourriture aux animaux. On dira peut-être qu’ils mangeront le foin & laisseront la paille. Point du tout ; elle s’approprie l’odeur du foin, & les animaux la mangent avec plaisir. L’on a des palefreniers, des valets d’écurie qui se plaisent à bourrer de foin les bêtes dont ils sont chargés ; cette mixture devient très-profitable ; ils sont forcés de la leur donner telle qu’ils rapportent de la meule, ou telle qu’ils la jettent de la fenière dans le râtelier.

La plus forte de toutes les erreurs, est de penser que le cheval, le bœuf, le mulet, ne doivent être nourris qu’avec du foin. Qu’on me permette de rapporter un proverbe de nos campagnes, cheval de foin, cheval de rien ; cheval de paille, cheval de bataille ; il me paroît très-expressif, & je ne suis pas éloigné de penser que telle devroit toujours être sa nourriture, si on a eu soin de préparer la mixture ainsi qu’on vient de le dire, & par portions égales. Il mangera mieux la paille lorsqu’elle aura été grossièrement broyée avant le mélange.

Si la saison force de mettre le foin en meule avant qu’il soit parfaitement sec, voici un moyen qui préviendra la fermentation intérieure. Contre le sommet de la perche du milieu, appuyez trois ou quatre autres perches presque de la même longueur, & assujettissez-les dans le haut avec des cordes, après les avoir écartées de quinze à dix-huit pouces dans le bas ; elles formeront alors une espèce de pyramide large de trois à quatre pieds à sa base. De distance en distance, sur les côtés de cette pyramide, clouez des tasseaux ou légères traverses de bois, qui prennent d’une perche à une autre. Elles empêcheront que les brins d’herbe ne bouchent la partie vide. À la base de la meule, & d’un seul côté, laissez un espace d’un pied en quarré & sur autant de hauteur. Cette gaine, ce passage formé par des morceaux de bois, correspondra au vide qui se trouve entre les perches. Montez ensuite votre meule suivant la pratique ordinaire, & ne craignez pas que de l’humidité naisse la fermentation ni l’échauffement. On sent bien que la partie supérieure de cette espèce de cheminée doit être ouverte, afin de laisser dans l’intérieur la libre circulation de l’air.


FOLIE. C’est une lésion dans les fonctions animales. Comme elle consiste dans une sorte d’égarement de la raison, & dans une dépravation de la faculté pensante, qui a lieu dans le délire, la mélancolie, & la manie, & qu’on l’a souvent confondue avec l’une de ces trois maladies, & surtout avec la dernière ; pour ne pas nous écarter de notre plan, & ne pas répéter, nous renvoyons le lecteur au mot Manie. M. AME.


FOLIOLE. Nom donné aux petites feuilles qui entrent quelquefois