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qu’on pourroit absolument se passer de donner les émétiques antimoniaux dans beaucoup de maladies. Si l’on vouloit se borner à faire boire aux malades beaucoup d’eau chaude, il arriveroit moins d’inconvéniens. Nos anciens connoissoient-ils les préparatifs d’antimoine ? Non, sans doute ; ils se servoient des huileux, des corps doux, qui, en pesant sur l’estomac, forçoient ce viscère à entrer en convulsion, & par ces moyens ils avoient les mêmes résultats que nous, en donnant le tartre émétique, ou bien l’ipécacuanha. On risquera toujours moins d’irriter, d’exciter la sensibilité de la membrane nerveuse de l’estomac, & des autres viscères abdominaux. Il faut aussi convenir que l’eau chaude, comme émétique, ne peut pas trouver une place dans tous les cas où il faudra secouer fortement. Les émétiques antisociaux sont alors préférables, surtout lorsqu’il est nécessaire de donner une commotion à la machine, & changer la manière d’être du principe vital qui se trouve dans un état d’affaissement & d’inertie. M. AM.

Eau, considérée comme boisson, Médecine vétérinaire. Aussitôt qu’une maladie épizootique se manifeste, on accuse l’air d’en être le principe, & je doute fort que l’air soit la cause d’aucune maladie en ce genre, à moins qu’on habite les bords des marais. Les eaux corrompues, ou simplement exposées au gros soleil d’été, dont on abreuve les bestiaux, contiennent le germe ou de la putridité ou de l’insalubrité ; il n’est donc pas étonnant que les animaux soient malades. J’ai beaucoup vu & fait traiter d’épizooties, (voyez ce mot) & l’observation m’a démontré, i°. que presque toutes paroissoient dans les plus fortes chaleurs de l’été ; 2°. que les animaux infectés avoient été réduits à boire l’eau des mares, ou de mauvaises eaux ; 3°. que presque toutes les épizooties etoient inflammatoires, putrides & gangréneuses.

La construction des Citernes, (voyez ce mot) préviendroit ces fâcheux inconvéniens, puisqu’elles fourniroient une eau salubre & assez fraîche pendant toute l’année ; mais le propriétaire craint la dépense, & les domestiques la peine de puiser cette eau & de la donner à l’animal. La constitution des saisons permet pendant plusieurs années de suite que les animaux ne périssent pas de la boisson de l’eau des mares ; le propriétaire croit qu’elle sera toujours aussi favorable, l’épizootie survient, il se lamente en vain, perd son bétail & n’est pas plus prudent à l’avenir. Je dirois à cet homme : Combien avez vous perdu par la mortalité de vos bestiaux ? combien vous auroit coûté une citerne ? & combien vous en coûtera-t-il pour remonter votre labourage ? Eh bien, calculez actuellement quelle est la dépense la plus dure & la plus pesante, & n’oubliez pas qu’une citerne bien faite dure des siècles. Revenons aux qualités de l’eau.

Toute eau de mare est malsaine, elle tend journellement à se putréfier, & par conséquent à s’alcaliser, (voy. le mot Alcali) & dans aucun cas quelconque, loin de désaltérer l’animal, de l’humecter, de le rafraîchir, elle porte dans son sein un principe incendiaire & putride,