conformes aux loix simples de la nature.
Le premier est celui qui suppose que les germes ne sont autre chose que des molécules organiques disséminées & répandues partout dans l’air, l’eau, la terre & même tous les corps solides ; ces germes ne parviennent à se développer & à prendre une forme particulière animale ou végétale, que lorsqu’ils rencontrent dans la nature des moules ou des matrices convenables, ou simplement des corps de même espèce qui puissent les retenir, les couver, pour ainsi dire, les nourrir & les faire croître. Dans ce sentiment, toute la nature est un vaste magasin qui renferme des germes à l’infini, qui n’attendent pour se développer qu’une heureuse circonstance qui les place dans leur moule propre. Comme ils sont d’une petitesse prodigieuse, ils évitent & échappent à toutes les causes qui pourroient les détruire. Ils pénètrent les végétaux & les animaux desquels ils deviennent parties constituantes & dans lesquels ils passent à l’état de fœtus ou d’embryon, pour en sortir ensuite, se répandre dans l’espace, ou rentrer dans de nouveaux corps, après que les premiers se sont décomposés. Tel est, en peu de mots, le fameux systême des molécules organiques que M. de Buffon a fait valoir & exposé avec tant d’appareil dans son ouvrage immortel.
Des observations microscopiques nombreuses ont paru l’étayer ; mais ce système approfondi & étudié avec plus d’attention se trouve exposé à tant d’objections puissantes & insolubles, qu’il a été abandonné par le plus grand nombre de ses partisans.
Le second système suppose que tous les germes de tous les corps organisés d’une même espèce étoient renfermés les uns dans les autres, depuis le premier créé ; qu’ils se sont développés successivement, & qu’ils ne cesseront de se développer que lorsque que l’espèce sera annihilée. Au premier aspect, ce système étonne l’imagination & la pousse, pour ainsi dire, dans un abyme d’infiniment petits ; mais M. Bonnet, auteur de ce grand système, pour accoutumer l’imagination à un tel effort, offre l’exemple suivant pris dans la nature : « Le soleil, dit-il, un million de fois plus grand que la terre, a pour extrême un globule de lumière dont plusieurs milliards entrent à la fois dans l’œil de l’animal, vingt-sept millions de fois plus petit qu’un ciron. » Que l’on réfléchisse un instant sur ces deux extrêmes, le soleil, & un grain de lumière ; quelle distance ! quelle immensité ! Les germes contenus les uns dans les autres, tous ceux qui doivent un jour se développer & perpétuer les espèces, étonneront moins ; il sera même facile de se familiariser avec cette idée.
De tous les systèmes proposés jusqu’à présent, j’avoue que c’est celui qui m’a toujours paru le plus préférable, parce que c’est celui qui rend raison plus simplement de tous les phénomènes de la nature dans les règnes animal & végétal : aussi n’avons-nous pas balancé de l’adopter, & il nous a servi de base en général pour tout ce qui concerne le développement. L’explication que nous avons donnée de l’accroissement