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grand air, à l’air libre. Ensuite de temps à autre on arrose & on sarcle rigoureusement. Aussitôt que l’on est assuré de la sortie des racines, la caisse est reportée dans un lieu exposé au soleil du matin, mais à l’abri du soleil du midi & du soir, sur-tout dans les provinces méridionales ; enfin, avant ou après l’hiver, chaque bouture est retirée & mise séparément dans des pots. (Consultez le mot Bouture).


GIVRE, Physique ou GELÉE BLANCHE, est cette gelée, ou plutôt cet amas de petits glaçons que l’on voit dans l’hiver s’attacher à différens corps, aux arbres, aux herbes, aux cheveux. Nous confondons ici givre & gelée blanche, parce que c’est essentiellement la même chose, quoique communément on les distingue entr’elles, & qu’on donne le nom de gelée blanche à celle qui est produite seulement par la rosée réduite en glace, tandis que le givre paroît plus particulièrement dû à toutes les vapeurs aqueuses qui flottent dans l’air, & qui, surprises par le froid, se congèlent sur tous es corps où elles s’attachent.

Pour produire du givre il ne faut que deux choses, une humidité abondante & du froid. Cette humidité est due non-seulement aux brouillards, mais encore aux particules aqueuses qui s’élèvent de la terre & y retombent sous le nom de Rosée, (voyez ce mot) mais encore à celles qui doivent leur naissance à la transpiration des animaux & même des végétaux. De-là viennent tous les phénomènes du givre. On le voit recouvrir de glaçons quelquefois très-considérables par la longueur, les branches des arbres & les tiges des plantes, qu’ils fatiguent beaucoup de leur poids, les cheveux des hommes, le poil des animaux, surtout ceux dont les bœufs & les chevaux ont les naseaux garnis ; l’humidité de la respiration s’attacha à ces poils, & tout d’un coup saisie par le froid, elle se convertit en glace.

Il y a encore deux espèces de givres, dont l’explication est assez facile à comprendre : 1°. le givre ou espèce de neige qui tapisse les murailles après de longues & fortes gelées ; 2°. ces réseaux de glace qui recouvrent quelquefois les vitres des fenêtres. Le premier a lieu parce qu’en général les corps solides & denses s’échauffant moins promptement que l’air, les murailles conservent plus long-temps le froid qu’elles ont acquis ; si ce froid va jusqu’au terme de la glace, toute l’humidité qui s’attache à leurs parois, sera nécessairement convertie en glace ; cette glace est rare, spongieuse comme de la neige, parce que l’humidité ne forme que des gouttes isolées sur le mur, & non pas une surface continue. Par rapport au givre des vitres, voici comme il est produit. Pendant la gelée l’air de la chambre est beaucoup plus chaud que l’air extérieur : si elle est habitée, cet air échauffé dissoudra & tiendra en suspens une certaine quantité d’humidité ; tant qu’il conservera le même degré de chaleur, cette humidité ne se déposera & ne s’attachera à aucun corps ; dans la nuit cet air se refroidit, soit parce que la chambre n’est pas habitée, soit parce qu’on n’y fait point de feu ; alors il ne sera plus en état de tenir en dissolution cette quantité