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l’agitation de celui-ci endommageront à son tour l’écorce qui couvre la partie du biseau de l’arbre coupé, & le bois restera à nu. Les écorces de ces deux arbres agiront comme dans le premier exemple cité, & insensiblement les deux arbres n’en feront plus qu’un, de manière que si l’on retranche le pied de l’un ou de l’autre, la végétation ne sera pas détruite.

Cette expérience réussira plus facilement, si sur le tronc coupé C, on pratique une cavité proportionnée à la grosseur de l’arbre B, & dans laquelle on le fera entrer avec un peu de force, & si on assujettit les deux troncs d’arbres avec une corde après avoir enlevé l’écorce de la partie qui doit être enchâssée dans l’autre.

La seconde méthode des greffes par approche compliquée, & toujours relative aux arbres voisins, se pratique en taillant le tronc de l’arbre A, Fig. 3, en rabaissant le tronc de l’arbre B, en aiguisant celui-ci de deux côtés & en faisant entrer cette partie aiguisée dans l’incision faite au tronc de l’arbre A. On peut également par la suite supprimer le pied que l’on voudra.

Si les troncs des gros arbres peuvent ainsi se souder & s’identifier, le succès doit donc être encore plus certain lorsqu’on désirera opérer sur des branches saines & vigoureuses ; opération dont il est facile de retirer le plus grand avantage dans la formation des hayes, (voy. ce mot). Cette troisième méthode consiste à donner à deux branches, Fig. 4, de grosseur autant égale que faire se peut, la direction presqu’horizontale, & dans l’endroit où ces branches commencent à diminuer de grosseur, & même plus près du tronc, si on le peut, enlever une partie de l’écorce & du bois de chacune, dans l’endroit où elles doivent se réunir : on aura eu le soin de bien vérifier & marquer ce point sur l’une & sur l’autre, avant l’amputation ; alors on réunit les deux cavités, on les colle l’une sur l’autre, on observe que les bords de l’écorce des deux cavités se correspondent également entr’elles, ainsi que le bois de chacune. Avec les doigts de la main gauche on tient assujetties les deux parties, & avec ceux de la main droite on les fixe au moyen d’un peu de filasse qu’on roule tout au tour, & encore mieux avec des brins de laine qui s’allongent à mesure que le point de réunion grossit ; la laine n’occasionne jamais de bourrelets, (voyez ce mot.) Cette opération finie, on met en terre, à l’endroit de la réunion des deux branches, un échalas, (voyez ce mot) avec de la mousse, de la paille, &c.

On enveloppe la première ligature, & par une seconde en osier, paille, &c., on assujettit le tout contre l’échalas, il ne reste plus qu’à retrancher en C l’excédent des deux branches ; mais on doit laisser au-dessus de la greffe un bon œil ou bourgeon à chacune. L’échalas maintient les deux branches & empêche que l’agitation imprimée par les coups de vents ou l’élasticité naturelle des branches ne fassent décoller les greffes. Si on est dans le cas de redouter les coups de vents, il convient de multiplier les échalas & de les assujettir fortement en terre.

Par la réitération successive de cette première opération, on par-