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vail qu’on exige de lui ; d’une trop grande quantité d’avoine, des alimens tels que le vert de blé, & même le vert d’orge, quand ils sont épiés ; des saignées copieuses ; des flux violens, spontanés, ou produits par des purgatifs forts & drastiques.

En envisageant les symptômes de la fourbure, & tous les accidens qui y donnent lieu, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle dépend principalement de l’épaisissement de la lymphe, ainsi que de l’irrégularité du mouvement circulaire, ou du vice de toute la masse, s’il y a fièvre, oppression & dégoût. Les vaisseaux destinés à charrier la lymphe, abondent & sont en nombre infini dans toutes les parties membraneuses : or, celles qui enveloppent les articulations, éprouvent dès-lors un engorgement plus ou moins considérable, le jeu des membres s’exécutera avec moins de liberté, & d’autant plus difficilement, que la liqueur mucilagineuse, répandue entre les pièces articulées à l’effet d’en favoriser les mouvemens, participera inévitablement du défaut de celle d’où naîtront les premiers obstacles, & que les nerfs étant infailliblement comprimés, l’animal ne pourra que ressentir lors de son action, & même dans les instans de son repos, des douleurs plus ou moins vives, suivant l’excès & la force de la compression, & selon la quantité des particules acres & salines, dont l’humeur se trouvera imprégnée. Tout ce qui pourra exciter une sorte de dissipation, ralentir ou précipiter la marche des fluides, forcer les molécules lymphatiques à pénétrer dans les tuyaux trop exigus qu’elles engorgent nécessairement, exciter la constriction des petits vaisseaux, la coagulation, l’augmentation de la consistance naturelle des liqueurs, sera donc regardé avec raison comme la cause occasionnelle & évidente de la maladie dont il s’agit.

Si elle est récente, si elle ne provient que de la constriction des canaux, ou d’un léger embarras ; si elle ne se montre que comme un simple engourdissement dans les extrémités antérieures, elle cède facilement aux remèdes ; mais si l’épaississement est parvenu à un certain degré, si les fluides ont contracté une certaine acrimonie, si l’animal est attaqué de la fièvre, si l’humeur intestinale paroît dans les excrémens comme un mucilage épais, ou sous la forme d’une toile graisseuse qui les enveloppe, elle sera plus rebelle & plus difficile à vaincre.

Tout indique d’abord la saignée dans de pareilles circonstances ; en désemplissant les vaisseaux, la masse acquerra plus de liberté, & les engorgemens diminueront ; cette opération sera réitérée si la fourbure est accompagnée de la fièvre ; elle suffira même pour opérer l’entière guérison de l’animal, lorsque les symptômes ne présageront rien de formidable, pourvu que l’on multiplie en même-temps les bains, & promptement les bains de rivière, qui ne seroient pas convenables dans le cas où la maladie seroit ancienne, & où les fibres auroient perdu leur ressort. Les lavemens émolliens seront encore mis en usage, ainsi qu’un régime délayant & humectant ; on retranchera entièrement l’avoine ; on promènera avec soin, & en