Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/40

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main, le cheval plusieurs fois le jour ; mais on ne lui demandera qu’un exercice court & modéré ; un mouvement trop long & trop violent fatigueroit incontestablement l’animal, & pourroit occasionner l’inflammation, la rupture des petits vaisseaux & des dépôts sur les parties ; les purgatifs seront encore administrés avec succès ; on les fera succéder aux délayans & aux lavemens, & l’on passera ensuite aux médicamens propres à diviser & à atténuer la lymphe. Ceux qui ont le plus d’efficacité, sont les préparations mercurielles ; on ordonnera donc l’æthiops minéral, à la dose de quarante grains jusqu’à soixante, jetés dans une poignée de son ; on pourra même humecter cet aliment avec une décoction de squine, de salsepareille, de sassafras, & terminer la cure par la poudre de vipère.

Ces remèdes internes ne suffisent point ; il est à craindre que le séjour de l’humeur dans les vaisseaux qui sont fort éloignés du centre de la circulation, & l’engorgement qui augmente toujours, ne produisent dans le pied les plus grands désordres. On s’efforcera de prévenir l’enflure de la couronne, les cercles de l’ongle, les tumeurs de la sole, la chute du sabot, par des topiques répercussifs & résolutifs, tels que l’essence de térébenthine, dont on oindra exactement & sur le champ la couronne, sur laquelle on appliquera de plus un cataplasme de suie de cheminée, délayé & détrempé dans du vinaigre ; on mettra aussi de cette même essence chaude, ou de l’huile de laurier, ou de celle de pétrole, ou de celle de romarin, sur la sole ; on y appliquera encore un cataplasme de fiente de vache bouillie dans du vinaigre. Toutes ces précautions pourront garantir la partie des accidens qui sont à redouter. Le premier de ceux dont j’ai parlé, survenu par la négligence ou par l’ignorance du maréchal est l’engorgement. On dégorgera la couronne par plusieurs incisions pratiquées avec le bistouri, & l’on en reviendra aux mêmes topiques prescrits. Si le mal est tel que l’on entrevoie des difformités sensibles dans la sole, on doit conclure de l’inutilité des médicamens que j’ai indiqués, que les pieds de l’animal seront à jamais douloureux, malgré toutes les ressources de l’art & les attentions qui suivront l’opération de la ferrure. M. BRA.


FOURCHE. Instrument de bois ou de fer, avec deux ou trois branches terminées en pointes. Les différentes espèces de fourches seront représentées dans la gravure du mot Instrumens d’agriculture. Les fourches en bois sont d’une seule pièce : si elles sont destinées à remuer la paille entière, leurs branches, au nombre de trois, sont plus espacées ; si c’est pour la paille brisée ou pour le grain mêlé à cette paille sur l’aire, la distance d’une branche à l’autre n’est que de moitié. Ces branches sont courbées dans leur milieu. Il y a encore d’autres fourches à branches plus longues & droites. Elles servent à retourner la paille, sans la déranger, lorsqu’elle a été battue d’un côté, de manière que par cette opération elle se trouve tout de suite rangée.

Les fourches en fer ont des branches beaucoup plus courtes que celles en bois ; elles sont plus minces