tombe en poussière & par morceaux. Ce que cet acide produit près de la mer & à plusieurs lieues de distance, un autre sel opère la même métamorphose à Paris plus que dans ses environs, à moins que les bâtimens ne soient sur des rues. Aussi voit-on à Paris qu’on est obligé de reprendre sous œuvre les maisons au-dessus des fondations jusqu’au premier étage, parce que le plâtre a fait l’office de siphon ; & en attirant l’humidité il s’est imprégné d’un sel qui l’a décomposé. Si on doute de l’existence de ce sel destructeur, il suffit de jeter un coup-d’œil sur la quantité de nitre ou salpêtre, (voy. ces mots), que l’on retire de ces plâtres par la lixiviation ; mais lessivez du plâtre nouvellement gâché, vous n’en retirez pas du nitre. Il est donc clair que le plâtre ancien a absorbé un sel acide, & de son union avec l’alcali du plâtre, (voyez ce mot), en est résulté un sel neutre plus ou moins parfait, & la vraie cause de la désagrégation première de ses molécules.
Après la cuisson, des hommes armés de longues barres, frappent sans cesse sur le plâtre pour le réduire en poussière, le passent à la claie & rebattent de nouveau les grumeaux qui restent. Cette opération est coûteuse, pénible, fatigante & mal-saine pour les malheureux batteurs. Il seroit plus expéditif & moins coûteux d’avoir un âne, ou un mulet, ou un cheval qu’on attacheroit à la barre d’une meule, & qui en tournant éclateroit le plâtre comme on écrase les pommes à cidre, les olives, les grains huileux, &c. (voy. la gravure du mot Moulin à cidre) ; la construction de ce moulin est peu coûteuse, & on épargneroit à des hommes un travail qui devroit être réservé aux animaux.
Les naturalistes distinguent plusieurs espèces de plâtre ; l’albâtre gypseux, la terre gypseuse, la pierre à plâtre ordinaire, le gypse en forme de coin, autrement nommé pierre spéculaire, miroir d’âne, & souvent & mal à propos, talc ; le gypse rhomboïdal décaèdre, le gypse prismatique décaèdre, le lenticulaire, le strié. La forme qu’il affecte dans sa cristallisation importe fort peu pour l’usage, ainsi qu’il a déjà été dit ; & toutes ces espèces sont propres à faire du mortier, pourvu que dans la cuite l’action du feu n’ait dissipé que leur eau de cristallisation.
L’agriculture peut retirer les plus grands avantages du plâtre dans les pays où il est commun, sur-tout si le bois pour le cuire est à bas prix. On le réduit en poudre de la même manière que lorsqu’il doit être employé à la maçonnerie. Plus il est réduit en poussière fine, & mieux il opère : les vieux plâtras tirés des démolitions des bâtimens, agissent moins que la poussière du plâtre nouvellement cuit, si ceux-ci ne sont pas chargés de nitre déjà tout formé.
Les substances gypseuses agissent de deux manières ; comme coins, comme leviers, dans les terres compactes & argileuses, ou comme contenant des sels alcalis lorsqu’elles sont nouvellement cuites, & des sels nitreux lorsque, pendant un certain nombre d’années, elles se sont approprié l’acide aérien de l’atmosphère. Le plâtre dans un de ces