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Schabol, & il s’explique ainsi : « l’hémorragie de la sève est ordinaire aux pêchers sur-tout. Un arbre est le plus vivant aujourd’hui, & le lendemain on le voit mort, soit avec tous ses fruits, soit après les avoir donnés. En visitant au dehors de tels arbres, comme en les disséquant, on leur trouve toutes les parties nobles très-saines, la moelle, les écorces, le parenchyme, les racines, &c. le tout intact. Alors on suppose engorgement, pléthore ou réplétion, obstructions occasionnant la suffocation. »

« L’hémorragie de la sève est bien manifestement marquée dans les greffes de fruit à noyau, qui sont, dit-on, noyés par la gomme quand la sève est trop abondante, souvent aussi dans les greffes de fruit à pépins quand la sève surabonde, & il se fait au-dessous de la ligature un bourrelet considérable ; il faut, tant aux unes qu’aux autres, veiller soigneusement pour prévenir ces hémorragies de sève, en lâchant ou coupant les ligatures (Voyez le mot Bourrelet) ».



HÉMORROÏDES, Médecine rurale. Les hémorroïdes sont des tumeurs rouges, souvent très-douloureuses, qui naissent dans la marge de l’anus, & qui disparoissent lorsqu’elles ont laissé couler au dehors une certaine quantité de sang.

Elles sont ou internes ou externes ; les premières sont cachées dans l’intestin rectum, & les dernières paroissent au dehors ; on appelle hémorroïdes ouvertes celles qui laissent fluer le sang, & hémorroïdes aveugles, celles qui n’en laissent échapper aucune goutte, & qui sont produites par le gonflement des vaisseaux hémorroïdaux,

Les hémorroïdes peuvent tenir à une cause héréditaire ; mais dans les causes générales & accidentelles seront comprises les suppressions des évacuations habituelles, la trop bonne chère, les vives passions de l’ame, tout ce qui peut incendier le sang, & les autres humeurs ; les obstructions du foie & de la rate, une vie trop sédentaire, le défaut d’exercice.

Elles peuvent être occasionnées par une abondance de sang, par l’usage des lavemens irritans & des purgatifs trop forts ; par la constipation, par différentes espèces de tumeurs susceptibles de se fixer dans l’anus & comprimer les vaisseaux hémorroïdaux. Il faut encore admettre une disposition à contracter cette maladie, disposition qui tient toujours à la mollesse, à la lâcheté des fibres. C’est aussi d’après ce principe, que les gens de lettres y sont très-sujets.

Les symptômes avant-coureurs des hémorroïdes, sont une pesanteur dans la région du foie, & une douleur qui augmente après le repas ; le visage teint en jaune ; la conjonctive de l’œil ternie, les digestions difficiles, une pesanteur dans le fondement. Les hémorroïdes qui fluent sont ordinairement salutaires. La suppression du flux hémorroïdal cause les plus grands ravages.

Les hommes, en général, y sont plus exposés que les femmes. J’ai observé que chez certaines personnes du sexe, ce flux tenoit lieu de règles, sur-tout lorsqu’elles disparoissoient de trop bonne heure ; on reconnoît ses bons effets au changement en mieux qu’il opère. Les malades se trouvent plus gais & plus légers ; ils reprennent l’appétit, & vaquent avec un certain plaisir à leurs fonctions