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Quand une artère est superficielle & qu’elle rampe sur un os, le lycoperdon, l’agaric de chêne, l’amadou & la simple compression suffisent pour arrêter l’hémorragie. Il n’en est pas de même lorsqu’il s’agit d’arrêter le sang d’une veine, dans la circonstance d’une varice ; (voyez Varice) la ligature est le seul moyen à mettre en usage. Pour faire cette opération, on se sert d’une aiguille courbe, enfilée d’un fil double en quarré & bien ciré, que l’on passe un peu dans la chair, autour du vaisseau, & que l’on ramène à soi pour en nouer les deux extrémités. On doit observer de ne pas comprendre trop des chairs, ou de n’en comprendre pas assez ; il faut un juste milieu. On évitera surtout de ne pas prendre quelques nerfs principaux, si l’on veut éviter les convulsions & la mort de l’animal.

Le bœuf & le cheval sont encore sujets à un hémorragie du nez occasionnée par un coup ou par quelque substance âcre & caustique introduite dans les naseaux ; un bouvier, par exemple, qui donnera des coups sur le nez de ses bœufs, pour les faire reculer ou pour les arrêter ; un charretier impatient & emporté, qui frappera rudement avec le manche d’un fouet sur la tête de ses mules ou de ses chevaux, fera saigner du nez ces animaux, & les mettra quelquefois dans le cas de perdre la vie. Le sang alors coule des naseaux plus ou moins abondamment, suivant la violence du coup. Il coule plus facilement du nez du bœuf ; les vaisseaux qui rampent sur la membrane pituitaire de cet animal étant plus délicats & plus nombreux que ceux de la membrane pituitaire du cheval & des autres solipèdes, & cette membrane étant d’ailleurs plus étendue & plus irritable.

Si l’écoulement ne se fait que goutte à goutte, & s’il est de courte durée, le traitement à faire ne consiste que dans le repos & une nourriture médiocre ; mais si la violence du coup est telle qu’il y ait à craindre une inflammation de la membrane pituitaire, ou un engorgement dans le cerveau, hâtez-vous de saigner l’animal à la veine du plat de la cuisse, quand même l’hémorragie seroit suspendue, donnez-lui de l’eau blanche pour boisson, & pour nourriture administrez quelques lavemens mucilagineux ; répétez sur-tout la saignée lorsque l’hémorragie sera considérable ; enveloppez la tête & le col de linges imbibés d’eau froide, & sur-tout d’eau à la glace, s’il est possible de vous en procurer, que vous renouvellerez toutes les quatre minutes. Cette application est-elle sans effet ? injectez dans la narine d’où sort le sang, de la décoction de racine de grande consoude & de noix de galle, & continuez ce remède trois ou quatre jours après la suspension de l’hémorragie.

Dans l’hémorragie qui reconnoît pour cause le contact immédiat d’une substance âcre & caustique introduite dans le nez par le maréchal, injectez en quantité de la décoction de fleurs de mauve édulcorée avec du miel.

Mais quant à celle qui est due à un ulcère à la membrane pituitaire, employez l’injection décrite au mot Chancre, & consultez l’article Morve. M. T.


Hémorragie de la sève, Agriculture. Dénomination introduite dans le jardinage par M. Roger de