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Dans le pays où l’on laboure avec la charrue appelée araire, (voyez le mot Charrue), on a des herses, Fig. 4, armées de deux rangs de dents sur les pièces CCCC. Les traverses D en sont dépourvues, & leur unique usage est de maintenir les pièces D. Les unes ont un crochet de fer fixe, désigné en A, ou des boucles & un anneau, comme on l’a représenté en B. C’est à ces deux points que les cordes s’attachent pour se réunir ensuite à la longueur de sept à huit pieds en une seule qui répond, ou au palonier des chevaux, ou au joug des bœufs. Les chevilles de cette herse sont en bois, & n’ont que trois pouces de saillie. Elle est destinée à briser les mottes, & non à recouvrir la semence, parce qu’elle l’a déjà été par un labour exprès de l’araire ou d’une petite charrue à oreille ou versoir. Somme totale, elle produit peu d’effet, sur-tout si on le compare avec celui des deux charrues précédentes.

Tout ce qui presse sur la terre, en brise les mottes & comble le sillon avec la terre meuble de ses arêtes. On a en conséquence imaginé le rouleau, qui applanit la terre, brise les mottes, & enterre assez mal le grain. La Figure 5 représente le rouleau simple B avec son brancard fait de deux trémelles A B, assemblées par une traverse CC,

La Figure 6 représente les herses roulantes armées de chevilles ou dents, ou dents de fer, & leur brancard. La Figure 7 fait voir le profil de la herse, Fig. 6.

Dans les provinces où les charrues à avant-train & à roues sont introduites, je ne vois pas pourquoi on ne se serviroit pas de roues pour les herses, puisqu’il est géométriquement démontré que les roues facilitent le tirage & diminuent singulièrement la peine des animaux. Dans plusieurs endroits on attache en F, (Figure 3) une herse de même forme, puis une troisième à l’extrémité F de cette seconde ; par ce moyen on herse tout à la fois une bien plus grande superficie de terrain, ce qui diminue d’autant l’opération, mais fatigue beaucoup plus le bétail. Dans ce cas, les roues produiroient le meilleur effet.

Souvent les herses ne dont pas assez lourdes pour écraser les mottes ; alors on ajoute & on fixe des pierres sur la herse, & si le conducteur est assez adroit pour garder son équilibre, il se place sur la herse, & de-là, comme sur un char, il conduit ses mules ou ses chevaux. Il faut être exercé dans cette pratique, car l’on court souvent le risque de ne pouvoir résister aux soubre-sauts, & d’être culbuté.

On peut ajouter à ces différentes espèces de herses la charrue à quatre coutres qui en tient lieu ; mais a bien prendre, je préfère les herses ordinaires. La herse qui tient au semoir (Voyez ce mot) si varié, sur-tout si prôné il y a 20 à 25 ans, est aujourd’hui reléguée sous les hangars, non parce qu’elle est inutile, mais uniquement parce que c’est une machine, & que toute machine livrée entre les mains des paysans, est bientôt rompue, brisée & anéantie, à moins qu’ils ne soient accoutumés à s’en servir depuis leur enfance.