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la sème aussitôt dans un sol de pépinière bien préparé & bien travaillé. Si on ne veut semer qu’après l’hiver, il convient de faire un lit de sable & un lit de graines, de tenir le tout dans un lieu frais, & : à l’abri des gelées, & semer aussitôt que les gelées cessent. Je préfère la première méthode. La germination est plus sûre & plus prompte. Si on n’enterre pas aussitôt les semences, la majeure partie ne germera qu’à la seconde ou troisième année, & beaucoup ne germeront pas.

Si on veut jouir plus promptement, il vaut mieux aller dans les bois où l’on trouve le houx ; on y rencontrera auprès des vieux pieds, de jeunes plants venus de semences ; on les enlèvera avec leur motte, sans quoi, ils reprendroient très-difficilement, & on les transplantera en avril, si on doit les cultiver dans un endroit où les pluies d’été ne soient pas rares & la chaleur modérée ; en automne, si c’est dans le cas contraire, parce que ces jeunes plants auront eu le temps, pendant l’hiver, de reprendre, & même de pousser de nouvelles racines. La prudence exige qu’ils soient arrosés au besoin, & qu’ils soient tenus à couvert des grosses ardeurs du soleil. Dans les bois, leur jeunesse est protégée par l’ombre des houx en arbres ; il faut donc imiter la nature. Les pots que l’on manie & transporte facilement d’un lieu à l’autre, rendent la culture aisée, & facilitent la transplantation & la reprise des jeunes plantes venues de semis, puisqu’on peut les mettre en terre avec leur motte sans en déranger la terre. Alors l’arbrisseau ne s’aperçoit pas du changement. Lorsque son tronc aura acquis la grosseur convenable & requise pour recevoir la greffe, (voyez ce mot) c’est l’époque à laquelle on peut lui donner les variétés qu’on veut conserver ou multiplier.


HOUX FRELON ou BRUSQUE, ou BOIS PIQUANT. (Voy. Planché XX, page 501.) Ce n’est point un houx ; la couleur & les épines dont ses feuilles sont armées, lui ont mal à propos fait donner cette dénomination. Tournefort le place dans la seconde section de la première classe, qui comprend les herbes à fleur en grelot, dont le pistil devient un fruit mou ; & il l’appelle Ruscus, myrti-folius, aculeatus. Von-Linné le classe dans la dioécie singénésie, & le nomme Ruscus aculeatus.

Fleurs mâles & femelles, portées sur des pieds séparés ; la fleur mâle A est formée par un calice divisé en six parties, dont trois plus grandes & trois plus courtes, comme on le voit en B, & ces folioles ovales & convexes tiennent lieu de corolle. Les étamines sont au nombre de six, réunies par leurs filets C. La fleur femelle diffère de la fleur mâle par son germe oblong, ovale, caché dans le nectaire ; par son style cylindrique de la longueur du nectaire, & par son stigmate obtus qui surmonte l’orifice du nectaire. Les fleurs mâles & femelles ont la forme d’un grelot.

Fruit D, succède au pistil, & est une baie ronde en E & F ; elle est représentée coupée transversalement ; la première de ces figures laisse voir la place qu’occupe la graine G, ronde, dure comme la corne, & liante comme elle.

Feuilles placées alternativement sur les tiges & leur sont adhérentes,