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& c’est ce mucilage qui se précipite, dès que cet air se sépare des corps.

L’huile essentielle est très-miscible à l’huile grasse, elle y porte avec elle l’esprit recteur ou principe odorant. Il n’existe point d’huile, admise dans le commerce, où il n’y ait une quantité plus ou moins grande de cette huile essentielle qui réside dans la coque, dans l’enveloppe de l’amande, & même dans l’olive, dans le bois de son noyau, dans son amande ; jusqu’au bois de l’olivier, est pénétré de cette huile essentielle, où elle est infiniment plus abondante que dans le fruit.

J’ai dit plus haut que l’huile grasse existoit toute formée dans le fruit ; mais pour qu’elle y soit sensible, & pour qu’on puisse la retirer, il faut que le fruit ait acquis une certaine maturité, une maturité capable de faire évaporer une partie de l’eau surabondante de végétation, & capable de séparer les portions huileuses des aqueuses ; comme il n’existe point de principes vineux développés avant La maturité du raisin.

Pline, Caton, Columelle, & les anciens écrivains, parlent d’une huile d’été. qu’on retiroit des olives vertes. J’ai voulu vérifier le fait, ou du moins l’expliquer. À la fin de juin, dans le courant de juillet & à la fin d’août, j’ai pris une quantité donnée d’olives pressées à nu, après en avoir enlevé le noyau ; le fluide pâteux, obtenu par la presse, & de nouveau broyé dans l’eau, n’a pas présenté le moindre vestige d’huile. Les olives bouillies au point de les réduire en pâte, n’offrent point d’huile. Les. olives, crues, ou bouillies, toutes, deux prises séparément, & triturées avec du sucre pour faire un oleo-saccharum, n’ont laissé appercevoir aucun vestige d’huile ; & de toutes, je n’ai pu obtenir une émulsion. Si j’ai bien vu, si je ne me suis pas trompé, je dois conclure que les principes constituant l’huile sont dans le fruit, mais qu’ils n’y sont pas développés au point d’être sensibles à la vue, au goût ni à l’odorat ; enfin, que c’est la maturité qui les développe. L’huile d’été des anciens ne pouvoit donc être extraite des olives que lorsqu’elles commençoient à mûrir. Au reste, si l’huile existe toute formée dans l’olive même avant sa maturité, ce qui importe fort peu aux cultivateurs, elle est tellement confondue avec le mucilage, qu’il n’est pas possible de l’en séparer par l’expression. C’est un fait dont chacun peut avoir la preuve. Il en est ainsi pour les graines à huile.

Tant que les semences sont dans un état laiteux, comme les amandes, les noisettes, les faines, les noix fraîches, &c ; les graines de colza, de navette, de caméline, de chanvre, de lin, &c. ; les pépins de raisins de pommes, de poires ; les semences des courges, de concombres, de melons, & les noyaux d’abricoter de prunes, de cerises, &c ; leur substance est, à proprement parler, un mucilage, & on auroit beau les tourmenter par le pressoir le plus expressif, elles ne donneront pas un atome d’huile. Si ces amandes, ont été tenues après leur maturité dans un lieu humide, elles moisiront & l’huile sera forte. Si ces amandes sont gardées trop long-temps, l’huile sera déjà un peu rance en sortant du moulin. Si l’écorce des semences, a été brisée, & l’amande mise à nu, en tout ou en partie, l’amande rancira, &