Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/576

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

yeux la gravure du moulin hollandois. Elle se trouvera à l’article Moulin ; les détails qu’il exige nous mèneroient trop loin dans ce moment. Cependant je ferai en sorte d’être entendu au moins de ceux qui connoissent nos moulins ordinaires de graines à huile.

Qu’on se figure un massif de maçonnerie circulaire, élevé au-dessus du sol, de 3 à 4 pieds, recouvert à son sommet par de larges pierres dures & bien lisses, & parfaitement jointes les unes aux autres. Tout autour de ce massif règne, dans la partie supérieure, une planche d’un pied de largeur & garnie du rebord ; à la partie de cette planche, qui répond à la pile ou bassin placé en dessous, est une trappe qui s’enlève & qu’on remet à volonté. Du milieu du massif s’élève un arbre qui tourne sur son pivot ; à cet arbre sont attachés deux bras de levier qui soutiennent chacun une meule de 6 à 7 pieds de hauteur sur 18 à 20 pouces d’épaisseur. Elles ont un mouvement de rotation sur elle-même, & le mouvement circulaire que leur imprime le levier. L’une de ces roues est plus intérieure, & décrit un cercle concentrique ; l’autre, plus extérieure, plus rapprochée du bord, décrit un cercle excentrique au premier. Derrière chaque roue est une pièce de bois que j’appelle Valet, destinée à porter la graine que la meule a écartée en l’écrasant, sous la meule qui suit ; de manière que la meule intérieure soulève la pâte, & la pousse dans l’endroit où doit passer la meule extérieure, & ainsi tour à tour. Ces meules sont mises en action par l’eau, &, par-tout ailleurs qu’en Hollande elles peuvent être mues de même. Jusqu’à présent l’homme ne fait rien, la machine fait tout. En est-il ainsi dans nos ateliers ? Poursuivons.

Lorsque la graine est suffisamment broyée, triturée & réduite en pâte sèche, on enlève la fermeture de la trappe ; on baisse une alonge relevée pendant l’opération sur le valet de la meule, & cet avant-bras faisant le tour de la table, entraîne sur la trappe tout ce qui recouvroit la table ; enfin, la graine moulue tombe dans le bassin ou pile. Jusqu’à présent, l’homme n’a encore rien fait, sinon d’avoir jeté la graine sur la table à moudre.

Pendant le temps que dure cette première opération, le seul ouvrier de l’attelier est occupé à prendre la pâte, à en mettre dans un sac de drap de laine, qu’il reploie sur lui-même, & il place ce sac dans le pressoir latéral & à coin, dont il sera question en décrivant le moulin. Ce pressoir agit par le moyen de pilons qui tombent sur les coins, & les coins pressent le tout ; l’huile coule en dessous dans un réservoir. Lorsque le coin n’entre plus, l’ouvrier laisse tomber un autre pilon sur le coin placé dans le milieu des autres ; mais comme son plus large côté est par le bas, à mesure qu’il s’enfonce, il soulève les coins voisins, & le tout vient à la main avec la plus grande aisance. Le même ouvrier, porte ce marc ou tourteau déjà pressé, dans des mortiers de bois, dont le bas est garni d’une plaque de fer, & de nouveaux pilons destinés à cet objet, tombent dans ces mortiers, écrasent & divisent fortement ce marc. L’ouvrier le reprend & le porte de nouveau à la presse ; cette seconde opération fournit de l’huile