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tiplier, & à dévorer sa subsistance. Un seul labour ou serfouissage remplit à-la-fois le but qu’on se propose.

Après un certain temps, le jardinier commence à piocher le terrain qui forme la rigole entre les deux ados ; ensuite il travaille celui de l’ados, & le met de niveau avec celui de la rigole, & ainsi de suite pour tout le terrain de la plante. Voilà les plantes CC fig. 2 dans la même situation que celles des jardins ordinaires, & elles vont bientôt en changer. La partie A, (Fig. 2) qui formoit l’ados, va devenir la place de la rigole, & la partie B qui formoit la rigole, va devenir l’ados ; de cette manière la terre se trouve fortement remuée, brisée, émiettée & dépouillée de toute espèce de mauvaises herbes. L’opération est singulièrement plus facile lorsque l’ados n’est planté que d’un seul côté. Ce labour est, comme on le voir, de beaucoup supérieur à tous les piochettemens mis en usage dans les jardins ordinaires. Si les plantes sont délicates, menues, il faut beaucoup d’adresse si on ne veut pas endommager les racines ; mais l’habitude la donne, pour peu qu’on ait d’aptitude. La dextérité est peu nécessaire lorsque les plantes sont fortes.

On sait que les cardons, les céleris exigent d’être plantés sur des lignes éloignées les unes des autres, parce qu’ils exigent une place, soit pour les blanchir en les buttant avec de la terre, soit lorsqu’on prend le parti de les enterrer pour les faire blanchir. Alors on sème ou on plante sur les ados de l’entre-deux, les plants qui seront au point d’être coupés lorsque le temps viendra blanchir les cardons ou les céleris. Il en est ainsi peur les courges & pour les concombres, dont les bras s’étendent beaucoup.

Comme la végétation est très hâtive dans les provinces méridionales, dès qu’on n’a pas d’eau pour arroser, il y a des tables qu’on renouvelle jusqu’à quatre fois par an. Celles de choux qui demandent à être plus espacées que les plantes ordinaires, & qui exigent par conséquent des ados plus larges, ont les ados garnis avec des chicorées, des laitues d’été ; mais dès que ces choux commencent à acquérir un certain volume, leur ombre nuiroit aux plantes voisines, & celles-ci absorberoient en partie la substance des choux.

On doit conclure de ce qui vient d’être dit, que la manière de cultiver les jardins dans les provinces méridionales, exige un plus grand emplacement que les jardins ordinaires ; car, à superficie égale, il y a un huitième de perdu dans ceux du midi, sur-tout si les petites plantes sont plus nombreuses que les autres. Ce défaut est compensé, & bien au-delà, par l’hâtiveté de la végétation.

Si le climat nécessite à une manière diamétralement opposée, on doit conclure que le temps de semer & de récolter n’est pas le même que celui des provinces du nord ; c’est ce que l’on observera au mot Jardin, & dans chaque article des plantes potagères. Je n’en parle pas ici afin d’éviter les répétitions. Il convient encore de remarquer qu’il ne s’agit ici que des cultures ordinaires, en pleine terre & non pas de celles où l’on emploie les serres chaudes, les châssis vitrés, les couches, les cloches ; ces objets plus de luxe que d’utilité, sont,