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pour ainsi dire, inconnus dans les provinces du midi. Le bon sens dicte de manger les légumes & les fruits dans leur saison, afin de les manger bons ; d’ailleurs, le fumier, les tannées sont trop chers dans des provinces où l’argent est aussi rare qu’il est commun dans les capitales.

J’ai oublié de dire que dans les vastes jardins on ne défonce pas toujours les tables à la pioche. Lorsqu’une table, à l’entrée de l’hiver ou au printemps, a été bien fumée & bien défoncée, on se contente souvent, lorsqu’elle est dépouillée de ses plantes, de la labourer plusieurs fois avec la charrue à oreille, (voyez ce mot), non pas montée sur des roues, mais la charrue simple. Si le sol est maigre, on lui donne du fumier, on laboure de nouveau, on forme les rigoles & les ados, enfin on sème ou on plante suivant le besoin. Rarement le fumier est employé pendant l’été, parce que son action, jointe à l’ardeur du soleil, nuiroit aux plantes plutôt que de leur être utile. Le vrai temps de fumer est avant, pendant & après l’hiver, qui n’y est jamais bien rigoureux ; les grands froids sont de 4 à 6 degrés, & durent peu.


IRRITABILITÉ, Physiologie végétale. Pour bien entendre tout ce que nous allons dire sur l’irritabilité végétale, consultez auparavant les notions que nous avons données de la fibre végétale, (voyez ce mot), & des différentes propriétés que l’on lui reconnoît facilement ; elles mettront sur la voie pour entendre ce qui va suivre sur l’irritabilité de quelques parties des plantes.

L’irritabilité animale, telle que les physiologistes & sur-tout le célèbre Haller l’a définie, est une propriété de la fibre musculaire animale, par laquelle elle est mise en jeu ; elle se contracte, elle se raccourcit à l’approche d’un corps étranger stimulant. Ainsi, le cœur, le diaphragme, le canal intestinal, l’estomac, en un mot, tous les muscles sont en convulsion, lorsqu’on les irrite en les piquant, les égratignait, ou qu’on les excite par le fer, la chaleur, l’air ou quelques liqueurs acides.

Avant que d’entrer dans de plus longues discussions, il faut observer que l’on doit bien distinguer l’irritabilité de l’élasticité, de la force morte & de la sensibilité. Par l’élasticité, une partie mise en action, comprimée ou dilatée, réagit & se rétablit dans son premier état ; mais la force qui agissoit avec elle, cessant d’avoir lieu, le jeu de l’élasticité cesse de son côté. Par l’irritabilité, au contraire, la partie continue d’être en convulsion long-temps après que le stimulant a cessé d’agir. L’élasticité est une propriété qui appartient aussi bien aux corps morts & inanimés, qu’aux corps vivans ; l’irritabilité cesse avec la vie ; elle ne dure que peu de temps après la mort ; dans les animaux à sang chaud, elle existe à peu près autant que la chaleur ; dans les animaux à sang froid, elle est un peu plus durable, mais le dessèchement la détruit. Nous verrons plus bas qu’elle n’a pas même autant de durée dans le règne végétal, tandis que l’élasticité paroît avoir, pour ainsi dire, plus d’énergie après la mort de la plante.

L’irritabilité diffère de la force