Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/776

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beaucoup que cela soit exact, & très-souvent deux régions voisines diffèrent essentiellement par la température, & l’une est plus froide que l’autre. Il n’en faut pas chercher d’autres causes que son élévation & sa position. (Voyez le Chapitre troisième du mot Agriculture, Tom. I, pag. 282). Plus le terrain est élevé, plus le froid qu’on y éprouve est considérable. À mesure qu’on s’éloigne de la surface de la terre, les couches de l’atmosphère perdent de leur chaleur, parce qu’elles deviennent plus rares & plus légères. (Voy. Atmosphère). Ces couches étant plus rares, les rayons du soleil y éprouvent moins de frottement, & acquièrent moins de chaleur. C’est la cause principale de la froidure qui règne perpétuellement sur les hautes montagnes, & d’après ces principes, il n’est pas étonnant que les sommets des montagnes du Pérou, quoique placées sous l’équateur, soient perpétuellement couvertes de neige & de glace. De plus, dans les pays de montagnes, le soleil n’éclaire chacune des faces d’une montagne que pendant peu d’heures, & ses rayons sont presque toujours reçus fort obliquement sous ces différentes faces ; tout le côté de la montagne exposé au nord ou au levant, est toujours plus froid que celui qui regarde le midi ou le couchant. Les pays situés vers le milieu des grands continens, sont en général plus élevés que ceux qui sont plus voisins de la mer, aussi fait-il plus froid dans les premiers que dans les derniers, toutes choses égales d’ailleurs.

2°. Nature du terrain & des exhalaisons. Tous les pays qui sont abondans en salpêtre & en sel ammoniac naturel, sont sujets à des froids subits, même dans les saisons chaudes. Le soleil & la chaleur de l’atmosphère faisant évaporer tout ce qui se trouve à la surface de la terre, les molécules salines s’élevant & se mêlant avec l’humidité qui est dissoute dans l’air, le refroidissent subitement. Ces accidens sont en général assez rares, ainsi que les contrées qui sont imprégnées de ces sels. Un terrain froid, c’est-à-dire habituellement humide, communique en partie sa température à l’air. On éprouve cette différence sensiblement, lorsque l’on passe d’un terrain léger & sablonneux, à un terrain marécageux.

Nous avons vu au mot Chaleur que la terre jouissait d’un certain degré de chaleur qu’elle devoit à l’action des rayons du soleil. Cette chaleur faisant continuellement effort pour s’exhaler au dehors, entraîne avec elle nécessairement des vapeurs qui participent de sa température. Ces vapeurs sont donc plus ou moins chaudes, & en plus ou moins grande quantité elles affectent l’atmosphère, & l’on conçoit facilement que cette quantité doit varier suivant les différens changemens qui arrivent dans l’intérieur même de la terre ; que si quelques circonstances viennent à les supprimer, la température varie, la chaleur diminue, & le froid augmente.

3°. De toutes les causes prochaines qui affectent l’air & le rendent froid, celle qui a, sans contredit l’influence la plus marquée est les vents. Le vent n’étant que l’air en mouvement, & transporté d’un endroit à un autre, doit nécessairement parti-