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d’une qualité équivalente à celle des laines de Ségovie. Elles ont le cou allongé, la tête sans cornes & lainée sur le sommet jusqu’aux yeux, rousse ou blanche de même que les pieds. Le front un peu relevé en bosse ; le nez long & camus ; le ventre des mâles est garni de laine jusqu’à quatre ans : les femelles perdent la laine de cette partie, la première ou la deuxième fois qu’elles mettent bas.

Une bête de Champagne-Berry pèse, grasse, trente quatre à trente six livres, dépouillée & vuidée. Le mouton fin de Berry a plusieurs traits de conformité avec le mouton des Aspres & de la plaine du Roussillon, aux cornes près & à la laine que ces derniers ont plus fine.

On croit que le mouton brion, qui tire son nom de la paroisse où on l’élève, est originaire d’Espagne. Il est plus gros que le mouton de Champagne, sans lui être inférieur du côté de la toison ; il se reconnoît à une touffe de laine qu’il a sur le front. Les meilleures bêtes de cette branche, rendent jusqu’à six livres de laine très-fine.

Un quart des troupeaux de Champagne porte une laine plus précieuse que le reste. Les propriétaires font en sorte que le nombre des seconds prévale sur celui des premiers, parce que ces derniers prennent le gras plus facilement, & qu’ils les vendent quarante sols de plus par paire.

Le mouton mi-fin de Bois-Chaud est de même figure que celui de Champagne ; sa laine moins fine & moins corsée que celle du premier, est ordinairement molle & sans nerf. On y distingue deux sortes de troupeaux, les uns grands & de même taille que ceux de la plaine les autres plus petits & de différentes couleurs. Ils tiennent des lieux où on les mène pacager. Longs de vingt à vingt-quatre pouces, leur poids n’excède pas dix-huit à vingt livres, gras & chair nette.

Le mouton de Faux, nourri ou engraissé en Bois-Chaud, plus gros & plus long de trois à quatre pouces que celui de Champagne, a la laine grossière, jarreuse, & varie de couleur comme le bocager des brandes. Quelques-uns ont le museau & les pieds tachetés de noir ; d’autres portent des cornes. Ils sont originaires de la Marche & du Limosin, où ils retournent après qu’ils ont pris de l’embonpoint.

La bonne laine de Champagne se vend en Berry quinze à dix huit sols la livre en suint, trente-six à quarante sols étant lavée. La laine de Bois-Chaud vaut communément huit à douze sols surge, & le double après le lavage.

La Tourraine élève peu de troupeaux. L’espèce qui y domine est la même que celle des brandes en Bois-Chaud. Cependant la Tourraine le disputoit autrefois au Berry pour le nombre de ses bêtes à laine.

XII. La Sologne & le Gâtinois. La Sologne est un pays sabloneux, ingrat, quoique traversé par des rivières : on donne le nom de mouton de Sologne aux espèces de l’Orbanois, du Blaisois & du Gâtinois, parce que effectivement elles ont toutes des rapports entr’elles. Dans ces derniers pays, l’air y est pur & sain, & le terrein par-tout uni & cultivé. Le bétail blanc y est d’un très-bon rapport, tant pour la laine que pour le gras.