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Les pâturages de la Sologne propre consistent en bruyères, en friches & en herbes qui poussent dans les terres de labour qu’on laisse reposer. La taille ordinaire du mouton Sologneau, est de trente à trente-trois pouces. Il a la tête fine, effilée, menue, blanche & quelquefois rousse, sans cornes, à l’exception de quelques béliers. Les marchands préfèrent les ventres garnis aux ventres chauves. Le mouton fin de Sologne, comparé à celui de la Champagne Berry, est plus petit, sa chair plus délicate, sa laine plus courte, plus fine & moins serrée.

Les bêtes de Sologne vieillissent & perdent leurs dents de bonne heure à cause de la dureté de la bruyère, & sur-tout des cailloux auxquels elles touchent pour pincer l’herbe qui est à côté. On élève dans ce pays plus de brebis que de moutons, à cause de la difficulté de la subsistance. On fait deux classes de pâturages, les plus fins sont pour les agneaux, & les autres pour les mères. Les brebis portières le conservent jusqu’à sept à huit ans.

La laine de Sologne a ceci de particulier, qu’elle est frisée à l’extrémité de ses mèches : elle est aussi fine que celle de la Champagne-Berry ; mais elle n’a pas autant de corps, & ne porte que dix-huit à vingt lignes de longueur ; celle qui passe deux pouces est de moindre valeur. On la vent en suint quinze à dix-huit sols la livre ; elle perd huit à neuf onces de son poids au lavage, qui est d’une livre & demie.

Le Gâtinois est une continuation de la Sologne ; il se divise en pâturages de nourriture & en pâturages d’engrais. La race de Sologne se soutient très-bien en certains endroits, & dégénère dans d’autres, ce que l’on reconnoît à la toison, qui est moins fine.

Il y a une race de moutons Gâtinois à grand corsage, originaire du pays. Elle est mise par plusieurs dans la classe des moutons de Faux. En fait de troupeaux, le commerce le plus lucratif du Gâtinois, consiste en bêtes à laines vieilles, maigres ou chétives, qu’on achette pour engraisser & pour revendre. Le mouton Sologneau, qui a pris graisse en Gâtinois, est un manger tendre & exquis.

XIII. La Beauce & le Perche. Dans la Beauce propre, les bêtes à laine reçoivent une éducation complette. Ses plaines immenses & cultivées produisent des herbes très-saines ; les terres y retiennent peu l’eau, & par-tout elles sont dépourvues de bois, d’arbres, de haies & de buissons.

La Beauce se divise en deux parties, la haute & la petite Beauce. La petite & le Perche ont ceci de commun, que le pays change souvent de face, tant en pâturages qu’en aspects.

Les pâturages de la haute Beauce nourrissent une espèce de bêtes à laine pareille à celle des gros moutons de Cerdagne, de Gascogne & du Querci, excepté qu’elles n’ont point de cornes, & que leurs couleurs noires & grises détériorent moins de toisons en Beauce que dans les pays précédens. Leur laine ronde, plus droite que frisée, passe pour être molle, creuse, sur-tout pendant les années sèches, lorsque faute d’une suffisante quantité d’herbages, elles ont souffert la faim. Cette première espèce de mouton est nommée Beau-