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ceron, & celle de la petite Beauce, Percheron, parce qu’elle est effectivement répandue dans une grande partie de la province du Perche.

C’est une suite nécessaire de la diversité qui règne dans les pâturages de la petite Beauce & du Perche, qu’il y ait beaucoup de mélange dans les troupeaux, & on a la maladresse en général de ne point faire parquer les troupeaux. Cependant l’exemple donné par MM. Guerier, auroit dû faire changer cette préjudiciable coutume. Ils ont fait passer d’Angleterre en France un troupeau de bêtes à laine à grand corsage : ils l’ont établi auprès de Saint-Martin de Belesme, & continuent encore de le gouverner suivant la méthode angloise. Ils les tiennent continuellement exposés au grand air en hiver & en été ; & dans la crainte que les pluies abondantes, les neiges & les frimats, ne leur occasionnassent des maladies, ils ont fait dresser des appentis, à l’abri desquels ces animaux peuvent le préserver du mauvais temps. Ce troupeau surpasse en beauté & en force, tour ce qu’un choix scrupuleux pourroit trouver de plus parfait dans la grande branche du pays.

La laine de la haute Beauce, longue de quatre à cinq pouces, est ordinairement sale, grasse & luzerneuse, à cause de la malpropreté des bergeries. On la vend huit sols en suint, & le double lavée. Le poids commun de la toison d’une bête, est de quatre livres à deux ans, & de huit à quatre ans.

XIV. Champagne & Brie. Les plaines de la Champagne occupent le milieu de son arrondissement ; ses bordures sont remplies de bois & de collines. On distingue dans ces deux provinces plusieurs espèces de bêtes a laine, dont la dominante est celle qui porte le nom de chaque province. Le mouton champenois ressemble au bauceron de grande branche, à la laine près, que ce dernier a ordinairement plus sèche & plus creuse… Le moyen mouton de Champagne est un diminutif de la grande branche, eu égard à la longueur de la taille & à la grosseur du corsage seulement. La petite branche n’est pas une race indigène ; elle y est introduite de la Bourgogne & du Bourbonnois. La toison qui la couvre est composée d’une laine courte, frisée & fine pour l’ordinaire, à-peu-près comme celle du petit mouton bigoret du Dauphiné.

On élève trois sortes de moutons dans l’Élection de Troye, le champenois de grande branche, le sologneau & le mouton de Bourgogne : ce qu’on nomme mouton de plaine & mouton de montagne dans l’élection de Rheims, se rapporte à la grande & à la moyenne branche de Champagne.

Les troupeaux qu’on élève dans la Brie Françoise, sont une race picarde ; ceux de la Brie Champenoise viennent de différens cantons de la province de Champagne. Les pâturages de la Brie ont la propriété d’adoucir la rudesse de la laine du mouton picard, de rendre plus ferme & plus corsée celle du mouton de Champagne. Le changement devient sensible après un an ou dix-huit mois de séjour. On amène aussi dans la Brie Champenoise beaucoup de bétail de la Sologne, du Gatinois & de la Beauce. Les meilleurs moutons briards se trouvent dans les environs de Créci & de Coulommiers.