Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la cryptogamie, dans la famille des fougères.

Fructification. C’est un épi articulé, représenté au haut de la tige A, qui s’ouvre dans toute sa longueur par un mouvement naturel de contraction. Voyez la tige B qui répand les semences C ovoides & lisses. Elles sont représentées augmentées à la loupe, car à la vue simple elles paroissent n’être que de la soufrière.

Feuille. Une seule, ovale, simple, entière, sans nervure, portée sur un pétiole qui part de la racine.

Racine. Composée de fibres ramassées en faisceaux.

Port. La tige de l’épi part de la racine, s’élève à la hauteur de deux ou trois pouces ; lisse, cylindrique. La feuille embrasse la tige par sa base, & s’élève moins haut que l’épi.

Lieu. Les prés inondés, les marais ; la plante est vivace & fleurit en mai ou juin.

Propriété. La saveur de la feuille est douce âcre, visqueuse, légèrement austère & virulente. Elle est vulnéraire, prise intérieurement ou appliquée à l’extérieur.

Usage. Les feuilles infusées dans l’huile d’olive récente, passent pour un vulnéraire aussi puissant, aussi utile pour les plaies, que l’huile de millepertuis. (Voyez ce mot) Les feuilles tendent à répercuter les inflamations érysipélateuses.


LAPEREAU. LAPIN. LAPINE. Le premier est le petit, le second le mâle adulte, & le troisième la femelle également adulte. Je ne décrirai point cet animal, il n’est malheureusement que trop connu des cultivateurs. Après la grêle, c’est un de leurs plus terribles fléaux. Je puis assurer, d’après ma propre expérience que dix lapins domestiques consomment autant d’herbe qu’une seule vache. Quelle doit donc être la consommation ? quels doivent donc être les dégâts qu’ils font dans les champs voisins d’une garenne ? Cet animal ronge, coupe, brise, plutôt pour avoir le plaisir de ronger, d’exercer ses dents, que de pourvoir à sa subsistance. J’ai vérifié le fait. Après avoir donné à des lapins, & en grande quantité, du son, de l’herbe fraîche, du foin sec, & trois fois plus qu’ils n’en auroient mangé dans la journée ; enfin, après qu’ils furent rassasiés outre mesure, je leur jetai un morceau d’une vieille poutre de sapin, & ils se mirent à la ronger. Le lapin détruit donc pour le plaisir de détruire. En effet, si on examine le local où les lapins sauvages établissent leurs terriers, on voit l’écorce de tous les jeunes arbres, rongée, & peu à peu ce local se dégarnit de bois. Que l’on examine également les champs des environs, & on les verra dévastés. En un mot, ces animaux sont un vrai fléau pour les campagnes. Combien d’auteurs cependant écrivent pour apprendre à multiplier les garennes, à entretenir les lapins, & à leur procurer une nourriture abondante aux dépens des cultivateurs ; sans doute qu’en prenant la plume ils n’ont considéré que le plaisir des seigneurs, & non les calamités des campagnes. Quant à moi, le vœu le plus ardent que je fais est de les voir détruire tous. (Voyez ce qui est dit au mot Garde-chasse, si on veut les multiplier, & au mot Garenne, si on veut les détruire.) Cet animal est sujet à la clavelée ou petite vérole, ainsi que le dit M. As-