Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une médiocre grosseur, pour faire tomber toute la chenevotte.

La filasse dans cet état n’a besoin que d’être peignée pour être portée à sa perfection. Il est d’usage en Livonie de la faire un peu sécher dans le four, pour que le travail du peigne n’en diminue pas la longueur. Il est essentiel de ne l’exposer qu’à une chaleur très-douce. On arrange la filasse dans le four sur des claies de bois, & à plat.

L’usage des Livoniens est de commencer à broyer à cinq heures du matin & de finir à minuit. Pendant ce temps on broye ordinairement, dans un moulin qu’un cheval peut mouvoir, quatre ou cinq pierres de chanvre ou de ljn, M. de Donilac pense que chaque pierre répond à-peu-près à trois cens livres de France, poids de marc. Ce travail ne demande chaque jour que deux à trois chevaux, qui sont successivement attelés. Deux hommes suffisent pour gouverner la machine ; ils s’employent alternativement à retourner le lin & à faire marcher le cheval.

Il est aisé de sentir quelle épargne on feroit sur la main d’œuvre avec ces moulins ; nos meilleurs ouvriers broyent & broyent mal environ douze livres de chanvre par jour ; ainsi il faudroit en employer cent douze pour que leur travail fournît treize cens cinquante livres de filasse, qui sont la quantité moyenne entre douze & quinze cent livres pesant, que broyent les moulins des Livoniens.

J’ai vu dans plusieurs endroits du royaume, par exemple, à Vienne en Dauphine, des moulins à-peu-près semblables ; mais on ne s’en sert que pour broyer le chanvre après qu’il a été teillé. Ce broiement fait élever une poussière très fine, qui se répand dans tout le moulin, qui cause de violens picotemens à la gorge & à la poitrine : dans ce cas, il y a donc une opération de trop dans cette méthode, celle de teiller le chanvre & de broyer le lin avec la broye ordinaire, ou avec l’espadon ou le battant sur une pièce de bois.

Pour mieux connoître les détails des préparations du lin après qu’il a été roui, Voyez la Planche VII, page 284, que j’ai prise dans la première édition de l’Encyclopédie.

Cette planche représente l’atelier des espadeurs, dont le mur du fond est supposé abbatu, pour laisser voir dans le lointain les premières préparations, fig. 1. Routoir Q où l’on a mis le chanvre ou le lin. Plusieurs hommes sont occupés à le couvrir de planches & à charger ces planches de pierres, pour tenir le chanvre au fond de l’eau & l’empêcher de surnager.

2. Ouvrier qui passe le lin sur l’égrugeoir R, pour détacher le grain qui y reste attaché.

3. Le haloir T. C’est une espèce de cabanne, où l’on fait sécher le chanvre en le posant sur des bâtons au-dessus d’un feu de chenevottes. Comme la blancheur du lin est un de ses principaux mérites, on doit préférer le haloir dont nous avons parlé.

4. Une femme S qui teille le chanvre, c’est-à-dire qui, en rompant le brin, sépare l’écorce du bois.

5. Ouvrier qui rompt la chenevotte avec les deux mâchoires de la broye U.

6. Ouvrier qui espade, c’est-à-dire,