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& on l’exposera à l’air pour qu’il se sèche, en observant de le mouiller & de le retourner souvent, sur-tout lorsque le temps est sec : on le battra, on le lavera de nouveau, & on le fera sécher. Alors on le cardera avec précaution, comme cela se pratique pour le coton, ensuite on le mettra en presse entre deux planches, sur lesquelles on placera des pierres pesantes. Au bout de deux fois vingt quatre heures, ce lin sera propre à être employé comme du coton.


§. III. De la graine de lin, relativement au commerce.


On a vu, par ce qui a été dit, comment la graine de lin devient un objet intéressant pour le commerce ; comme on l’a fait circuler du nord au midi & du midi au nord, par rapport à la nécessité où l’on est de changer les semences destinées à semer. Quoique cet objet soit très-important, on peut se passer du secours intéressé des Hollandois, en échangeant les semences d’une de nos provinces du midi avec celles d’une de nos provinces du nord, & ainsi tour-à-tour ; il ne s’agit dans chaque endroit que de bien cultiver la linière destinée à la graine.

Le second objet de commerce est l’huile qu’on retire du lin, objet bien plus important que le premier, & dont la préparation semble être presque confinée dans nos provinces de Flandres & d’Artois. Les Hollandois achettent la graine dans nos provinces maritimes, en retirent l’huile chez eux, & nous revendent ensuite cette huile. D’où peut provenir sur ce sujet une pareille indifférence de notre part ?

J’en ai cherché pendant long-temps les motifs, & j’ai cru appercevoir que ce vice anti-économique tenoit au peu de force, au peu d’énergie des machines que nous employons pour extraire l’huile des graines. En effet, si on compare nos pressoirs, nos moulins à ceux des Hollandois, il est facile de voir que d’une masse donnée de graine, les Artésiens, les Flamands & les Hollandois sur-tout, retireront une plus grande quantité d’huile, & à beaucoup moins de frais ; dès-lors notre main d’œuvre n’a pu soutenir la concurrence, & nous avons mieux aimé leur vendre nos graines, que de songer à perfectionner nos machines. À l’article Moulin, je donnerai la description de celui employé par les Hollandois, bien plus expressif & expéditif que celui des Flamands & des Artésiens.

Je ne répéterai pas ici ce que j’ai déjà dit sur la fabrication de l’huile. (Voyez ce mot) Je me contente de remarquer que la coutume de la retirer au moyen de deux plaques échauffées par l’eau bouillante, est vicieuse, & que cette chaleur fait réagir sur l’huile grasse l’huile essentielle ; enfin qu’elle contracte promptement une odeur & un goût forts. Cette qualité défectueuse est indifférente lorsque l’huile doit être employée dans les arts, mais il n’en est pas ainsi lorsqu’elle doit servir aux apprêts des alimens. La difficulté d’extraire l’huile avec de mauvais pressoirs, fait recourir à l’usage des plaques chaudes.

La graine de lin ne doit être renfermée dans des sacs, ou amoncelée, que lorsqu’elle est parfaitement sèche ; elle demande encore à être tenue dans un lieu bien sec & exposé à un courant d’air. Si on la